

Aussi , le souhait (Wunsch) est un mécanisme psychique à la fois lié à une nécessité vitale (la satisfaction d'un besoin) mais aussi l'expression de cette nécessité sous la forme d'une représentation particulière (l'expression d'un désir). Dès lors, l'expérience du désir se transcrit dans des expériences de satisfaction (Wunscherfüllung), c'est-à-dire le résultat d'une tension entre la force continue des stimuli internes et la réponse particulière à un sujet désirant à cette force. Ainsi de l'exemple de l'enfant affamé dans L'interprétation des rêves, chp. VII, 3: l'enfant crie, tiraillé par la faim, mais répondre à la nécessité de le nourrir ne suffit pas à le calmer tant est lié pour l'enfant à toute expérience de satisfaction à la fois le lait de la nourrice, l'odeur de son sein et la chanson qu'elle lui chante pendant la tétée. L'expérience de satisfaction est ainsi la représentation de ce qui est susceptible de procurer la satisfaction. Elle est un souvenir plus qu'un besoin.
Il en va de même du rêve comme l'accomplissement du désir. Le rêve est la production du psychisme qui ne pouvant répondre à un besoin de façon directe le traduit dans une représentation particulière. Si le rêve est sibyllin, c'est donc parce qu'il ne peut exprimer directement le sens d'un désir, mais l'expression a tout de même lieu sous une forme déviée et transcrite.
Le Wunsch est l'objet d'un mécanisme psychique où se joue le déchiffrement possible du sens du désir dès lors que l'on comprend sa source inconsciente, l'inconscient étant ici la fiction théorique nécessaire à la compréhension de ce mécanisme comme de cette dynamique. La Traumdeutung (texte) décrit le psychisme comme le lieu d'un travail dont le but est d'éviter l'accumulation d'excitation. Suivant un premier processus ("S1" ou processus primaire), l'excitation endogène recherche la satisfaction immédiate susceptible d'éviter l'accumulation d'énergie. Mais la prise en compte d'un certain déplaisir dans la décharge pure et simple de l'excitation, pousse le psychisme à user d'un second processus (S2 ou processus secondaire) où l'énergie psychique emprunte un chemin détourné. Le processus secondaire décrit par Freud consiste donc à inhiber l'énergie psychique pour réguler son intensité et l'orienter vers des expériences de satisfactions particulières.

Le rêve est ici une lutte pour résiter à un besoin obstiné (dormir) malgré l'excitation du réveil (les cris de l'enfant). Il est le conflit entre la force du désir (la nécessité de dormir comme de répondre à la détresse de l'enfant) et l'expression de ce désir sous une forme particulière.
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