Lectures philosophantes

Lectures philosophantes

jeudi 8 janvier 2009

Synopsis du cours du 8/01/09 - Désir et conscience: l'en soi et le pour soi

Il existe au moins 2 écueils à la lecture d'un texte de philosophie: comprendre la difficulté technique exposée par l'auteur et ne pas imiter le vocabulaire de l'auteur au point d'en faire un jargon. Lire un texte de philosophie, c'est s'entraîner à saisir la pensée d'un autre sans se déssaisir de son propre exercice de la pensée. Penser n'est pas affaire de singerie mais de rythme.
Lire Hegel, c'est s'affronter à un vocabulaire abstrait parce que précis, mais c'est aussi tenter de ne pas singer son style de peur de perdre le rythme de sa propre pensée.
Texte extrait de la Phénoménologie de l'esprit.

La distinction entre l'en soi et le pour soi permet à Hegel de mettre en évidence le travail de la conscience de soi dans sa confrontation à l'autre selon qu'il est perçu ou non comme une autre conscience de soi.
Dans la solitude de son rapport à soi, le Je est marqué d'un défaut d'être dès lors que l'autonomie que le sujet peut acquérir n'est pas auto-suffisance. Ce faisant, il fait l'expérience de soi-même sur le mode d'un absolu qui croit en sa propre perfection mais à qui il manque toute forme d'altérité susceptible de l'enrichir. La certitude de soi-même est ici certitude de nullité en tant que le gain est nul. L'en-soi est une certitude sans lendemain.

Dès lors, le désir est ce mouvement vers l'altérité en tant que l'être est marqué par la négativité. Désirer, c'est manquer d'être comme être enfermé, c'est manquer d'air. Or, le sujet désirant satisfait de lui-même ne conquiert l'autre que sur le mode de l'objet désiré. L'expérience de la satisfaction exige alors qu'il abolisse l'autre comme autre sujet désirant, autrement dit qu'il ne le traite que comme un objet. Mais cette aventure sans lendemain, cet aller-retour de soi à soi est la façon dont le sujet désirant manque doublement à son désir: une première fois en ne désirant transitoirement que sur le mode de l'avoir, une seconde en manquant de ce mouvement vers l'autre qui est seul de nature à permettre de s'approprier son propre désir. Les aventures d'un soir sont des plaisirs sans avenir.

Ce faisant, tout sujet désirant fait l'expérience, par son désir, de l'autonomie de l'objet désiré. Ce que je désire, désire aussi, et de façon distincte de moi-même. Dès lors, l'enjeu n'est pas tant de déjouer le désir de l'autre que de désirer le désir de l'autre. Par ce retournement, c'est une lutte pour la reconnaissance qui s'engage: que l'autre reconnaisse que je le désire et me désire en retour, ou plutôt qu'il reconnaisse que je le désire, c'est-à-dire que soit reconnu la représentation de mon propre désir. Le désir devient alors le point pivot entre 2 êtres qui, se reconnaissant comme 2 sujets désirants,s'approprient chacun leur propre désir. Le désir, est ici le mouvement même de la conscience de soi en tant que, par l'autre, elle est pour soi.
Il faut donc distinguer entre l'en-soi comme autonomie sans gain du sujet en manque de son mouvement désirant, et le pour-soi comme mouvement d'appropriation de soi-même par l'autre. La reconnaissance de l'autre comme autre sujet désirant ne cesse de travailler le désir, c'est-à-dire de l'extérioriser en le soumettant à autre chose que lui-même. Ainsi de l'expérience amoureuse qui est cette aventure qui me fait devenir moi-même par l'autre.

Le désir est ainsi manque à être en tant qu'il est ce qui fait trembler mon être, c'est-à-dire qu'il est ce jeu qui me fait devenir autre que soi. Désirer, c'est manquer d'être, c'est-à-dire ne pas se suffire à soi-même mais, être, pour l'autre, ce que l'on est soi-même.

Aucun commentaire: