Lectures philosophantes

Lectures philosophantes

mardi 23 juin 2009

Synopsis du cours du 4/06/09- Descartes, les passions de l'âme - introduction, analyse sémantique.

Concept archaïque abandonné par la philosophie du fait de son imprécision, le terme "passion" est cependant une notion qui imprègne le langage courant. L'histoire d'un mot a ceci d'étrange que le concept peut être désuet sans que son usage ne disparaisse aussitôt et sans que la confusion que la notion véhicule ne soit immédiatement effacée devant une exigence de clarté.
Nous héritons ainsi de 4 figures de la passion: la figure mythologique, la figure démonologique, la figure pathologique et la figure techno-scientifique. La figure mythologique fait de la passion un caprice des dieux, c'est-à-dire un effet des jeux d'oppositions entre les dieux. Les expressions "être touché en plein coeur", "être tombés dans les filets de Vénus", "avoir un coup de foudre"... témoignent encore de cette idée que la passion est l'effet d'une puissance divine. La figure démonologique de la passion fait de celle-ci l'incarnation d'une puissance maléfique qui prend possession de nous-mêmes. "Avoir le diable au corps", connaîtee le démon de midi", "le diable m'emporte"... sont autant de traces de la passion comme oeuvre du démon. La figure physiologique redéfinit la passion comme un mécanisme corporelle d'influence sur le psychisme. Elle est l'action du corps sur l'âme. Nombreuses sont les expressions qui traduisent cette influence "être à bout de nerfs", "avoir les nerfs en pelote", "perdre son sang-froid", avoir un coup de sang", "avoir le sang chaud"...etc. Enfin, la figure psychiatrique de la passion fait de celle-ci l'effet d'une pulsion. Dès lors, la passion est un processus inhérent au fonctionnement du psychisme qui peut cependant aboutir à un résultat pathologique. La passion est un état qui n'est jamais très loin de la folie. Les expression "être fou de joie, d'amour, de tristesse", "aimer à la folie", "perdre la tête", "être malade d'amour, de jalousie"... sont autant d'expressions qui traduisent encore aujourd'hui cette proximité entre passion et folie.

Ce faisant, la passion désigne un état affectif qui peut devenir un état contrariant. En un premier sens, la passion est un état émotionnel qui fait tendre vers..., une tendance à ...; en un second sens, elle est un affect dominant le sujet désirant au point de le contraindre à agir. C'est là toute la dimension érotique de la passion en tant que le sujet désirant est engagé totalement ou partiellement dans le mouvement qui le fait tendre vers l'objet de ses désirs. " Il n'y a pas d'amour sans passion" veut ainsi autant dire qu'il ne peut y avoir d'amour sans être touché par ce que l'on désire comme qu'il n'y a pas de véritable amour si le désir n'est pas un emportement sans limite.
Aussi, la passion est-elle comme le désir cette tendance motice à faire converger les affects et les volontés vers quelque chose ou quelqu'un. Tout deux sont l'ardeur supposé à désirer une chose comme objet de la passion. L'expression "je t'aime passionnément" exprime ce supplément d'ardeur censé donner toute sa valeur à l'amouret marquant cette association ambigue entre une intensité et une tendance, c'est-à-dire entre une différence et une répétition.
Dans toute son ambiguité, la passion est ce supplément d'âme qui nous donne l'espoir d'échapper à l'ennui mais qui nous y plonge profondément.

lundi 15 juin 2009

Textes pour le cours du 18/06/09 - Descartes, les passions

Extrait de la Lettre à Chanut du 1er février 1647










Ce texte sera mis en relation avec certains articles de Traité des passions traitant des passions de l'admiration et du désir.

vendredi 12 juin 2009

Cinéma et philosophie - le vouloir-vivre

Le vouloir-vivre, concept schopenhauerien, peut être illustré à l'aide des film suivant:

De l'eau tiède sous un pont rouge, S. Imamura
Plus d'infos sur ce film


Tout sur ma mère, P. Almodovar
Plus d'infos sur ce film


Voyage au bout de l'enfer, M. Cimino

dimanche 7 juin 2009

Synopsis du cours du 28/05/09 - l'amour sexuel

Le pessimisme n'est pas un trait de caractère de Schopenhauer mais une invention conceptuelle et une disposition éthique conséquente à son système philosophique. Ainsi, le pessimisme n'est pas le simple constat des misères du monde, mais un dispositif critique contre toutes les illusions de nature à nous faire croire béatement que le bonheur est inhérent à la vie.
Dès lors, le pessimisme est une preuve de grande santé intellectuelle: une chose est de dire que la vie n'a aucun sens, une autre est de prendre acte que le sens de la vie est son non-sens. Dans un cas, la lucidité ne vaut que le temps de l'égarement intellectuel, dans l'autre cas, la lucidité est une vision claire de ce que la vie peut apporter. Aussi, le pessimisme n'est-il pas un préambule à la dépression, mais une assurance contre le malheur.

La métaphysique de l'amour sexuel, chp. 44 des Suppléments au livre IV du Monde comme Volonté et comme Représentation, est l'illustration des vertus du pessimisme. Schopenhauer y élabore une critique des illusions de la passion amoureuse non sans souligner son importance. L'amour sexuel est l'enracinement de la passion amoureuse dans l'instinct sexuel. Les formes les plus diverses de marivaudages, formes individualisées de la Volonté, ne sont, au final, qu'instinct sexuel, c'est-à-dire expression du vouloir-vivre.
Ce faisant, le vouloir-vivre est principe de toutes choses et les multiples formes de l'amour ne sont que le miroir de la Volonté. Cependant, on aurait tort de n'opérer ici qu'une réduction de l'amour à l'instinct sexuel, car, bien que la Volonté soit le principe, celle-ci affirme son but sous des formes à chaque fois individualisées. Aussi, tandis que la Volonté veut le sexuel, l'individu veut l'amour. L'objet d'amour répond certes à un besoin propre à la Volonté, mais ma volonté pare ce but des apparences d'un amour singulier.
Il convient dès lors de considérer que le but de l'amour sexuel est la procréation. Autrement dit, derrière les inclinations qui poussent à aimer tel objet d'amour, se cache un principe de perpétuation de la vie. Mais si l'amour est une illusion qui dissimule la procréation, il ne faut pas en déduire que l'amour est une erreur, mais seulement une illusion. En effet, dans la conclusion à sa Métaphysique de l'amour sexuel, Schopenhauer affirme que l'illusion de l'amour sexuel est l'effet de l'indestructibilité de l'être en soi de l'homme, c'est-à-dire la Volonté. Ce faisant, les illusions de l'amour sexuel ne sont pas des futilités, mais une nécessité pour la vie.
Le concept d'amour sexuel doit donc s'entendre comme une métonymie où se conjuguent un principe universel, la Volonté comme vouloir-vivre, et un principe particulier, ma volonté comme désir amoureux. Aussi , le pessisme, invention de Schopenhauer, nous invite à distinguer entre faire l'amour (expression du vouloir-vivre) et croire en l'amour (représentation illusoire de ce même vouloir-vivre). Il n'y a nul malheur à se reproduire, mais se faire des illusions sur ce que nous apportera cet amour de la vie, c'est se destiner à souffrir. Auquel cas il faut en conclure que le désir est un instinct sexuel qui a pris corps et me fait parfois espérer plus que le seul bonheur de donner la vie.

vendredi 5 juin 2009

Synopsis du cours du 14/05/09 - Schopenhauer, le vouloir-vivre

L'oeuvre de Schopenhauer est, pour son malheur, recouverte de l'ombre de sa caricature. Inventeur du pessimisme, il passe pour un vulgaire grincheux; prophète d'une seule vérité, celle qui révèle l'énigme du monde, on a tôt fait de le réduire à n'être qu'un solitaire mysanthrope et mysogine ou un nihiliste désabusé. La caricature du philosophe attire plus que son système.

Mais Schopenhauer lui-même a forgé sa caricature, car il ne fut l'homme que d'une vérité, sans cesse reformulée pour le meilleur et pour le pire: le monde que nous nous représentons n'est pas le monde lui-même comme Volonté. Mais, bien que notre perception du monde, soumise au principe de raison suffisante, soit limitée par les formes a priori de la sensibilité que sont l'espace, le temps et la causalité, nous avons connaissance des manifestations de notre volonté par l'expérience de notre corps. Ainsi, lorsque je crois vouloir une chose, je présens que cet objet de ma volonté est le but d'autre chose que ma seule volonté . Si je désire telle personne, celle-ci est l'objet de ma volonté, mais aussi le but de la Volonté comme satisfaction des besoins de la vie. Il faut dès lors distinguer entre la cause et l'excitation: cette dernière, par son intensité, me fait croire que ma représentation est cause de mon désir; c'est là ne pas voir que ma représentation est causée par un désir qui dépasse mes considérations individuelles.
Ce faisant, que veut la Volonté ? Ma volonté est la représentation d'un motif à mon désir, tandis que la volonté est la visée d'une perpétuelle continuation. Dès lors, je crois être sujet de ma volonté alors que je suis l'objet de la Volonté. Lorsque je veux manger telle chose, la représentation de ce que je veux manger est mienne, la volonté de manger est volonté de la Volonté. La Volonté est alors ce vouloir-vivre qui répond à des nécessités dépassant les considérations individuelles. La Volonté est cet effort sans fin toujours en jeu dans les actes de ma volonté. Aussi suis-je l'objet de la Volonté en tant qu'elle me fait vouloir ce qui est nécessaire à la vie.

Dès lors, la Volonté implique 3 restrictions quant à la nature de mon désir: 1/ de mon désir, je n'ai qu'une représentation de ce que je désire, non de ce qu'est désirer; 2/ il est nécessaire qu'il y ait une certaine conformité entre ce que je désire et ce qu'est a Volonté, car sinon, je ne fais que désirer mon propre malheur; 3/ non seulement mon désir est aveugle à ce qui l'excite et le détermine, mais plus encore la Volonté est sourde à toutes formes de revendications individuelles. Ma volonté sait ce qu'elle veut, mais la Volonté ne sait que vouloir, sans qu'il y ait un quelconque but, une quelconque fin à cette volonté autre que vouloir. Dès lors, désirer est, ou manquer ou s'ennuyer: c'est vouloir ce qui nous manque, c'est-à-dire ce que veut la Volonté, ou c'est vouloir que ce veut la Volonté, c'est-à-dire s'ennuyer à défaut de savoir ce que l'on veut.


jeudi 4 juin 2009

Paysage sonore - le manque

Les playlists relatives à un thème philosophique sont renvoyées en marge du blog (colonne de droite).

mercredi 3 juin 2009

Textes pour le cours du 04/06/09 - Descartes, Traité des passions de l'âme

La lecture du Traité des passions de l'âme de Descartes commencera par les articles 17 à 29 de la première partie.
On trouvera une édition de référence disponible en ligne, édition annotée et introduite par G. Rodis-Lewis.



Descartes, Traité des passions de l'âme, I

§17
§18 à 20
§21 à 23
§24 à 26
§27 à 29

lundi 1 juin 2009

Séances de rattrapages

En vue de rattraper quelques séances qui n'ont pu avoir lieu tout au long de l'année universitaire, les cours de philosophie du jeudi soir se poursuivent jusqu'au 25 juin inclus. Sauf avis contraire, ils auront lieu au Palais Universitaire dans la salle habituelle.