Lectures philosophantes

Lectures philosophantes

dimanche 30 novembre 2008

Synopsis du cours du 20/11/08 - le discours d'Aristophane dans le Banquet de Platon

Le mythe d'Aristophane dans le Banquet de Platon est le récit explicatif de la génèse d'un certain mécanisme du désir qui ne cesse de travailler les êtres. La lecture du mythe exige à la fois de rendre compte du récit lui-même mais aussi de mettre en évidence ce que le récit montre.

Pour une remarquable lecture illustrée (malgré quelques écueils) du mythe, cf. ce lien.


Le discours d'Aristophane (Banquet 189c-192b) est le récit d'un état antérieur de l'humanité. A l'origine, nous étions non seulement de genre différent (mâle/femelle/androgyne) mais aussi d'aspect différent (semblable à une sphère).
Parce que cette "perfection" physique nous rendait trop orgueilleux, Zeus nous divisa en deux parties. Mais parce que chacune de ces parties se morfondait sans l'autre, Apollon façonna le corps des 2 moitiés en transportant les organes sexuels vers l'avant afin de rendre possible l'union même temporaire des deux êtres. Depuis, chaque moitié erre dans l'espoir de pouvoir s'unir à ce qui lui manque.

Dessin extrait du Banquet illustré par J. Sfar, éd° Bréal

On retiendra, pour toute lecture, que le mythe d'Aristophane contient 6 jalons:
  • Eros, comme puissance naturelle, est un dieu philanthrope car il apporte la guérison à un mal. Autrement dit, le désir est un expédient à quelque chose.
  • Le mythe vaut comme généalogie du sexe comme genre et comme sexualité. Comme genre, il sert de récit explicatif à la typologie des pratiques; comme sexualité, il exprime le désir d'union de ce qui a été séparé (fonction1).
  • Le mythe détermine la sexualité selon une finalité extérieure à l'union elle-même, l'engendrement ou la satiété.
  • La reproduction est une fonction dérivée de la sexualité (fonction 2), fruit de l'imperfection des êtres divisés.
  • Le mythe est le récit d'un conflit entre les hommes et les dieux. La division est l'effet de l'orgueil des êtres primitifs, la possibilité de réunir les 2 moitiés, un remède à ce mal. La fusion est le désir de la perfection divine, l'union est le remède à notre imperfection.
  • La division des êtres primitifs vaut comme modèle explicatif du mécanisme du désir: l'attirance pour un être est un effet de l'incomplétude dont on est issue.



Pour poursuivre:

En quoi la vidéo ci-dessous reprend à son compte le discours d'Aristophane dans le Banquet de Platon ?

Cinéma et philosophie - séquences pour le cours du 4/12/08

Eyes Wide Shut de S. Kubrick
séance 3: les ambiguités de l'érotisme


Séquence 1: l'orgie à Somertone


vendredi 28 novembre 2008

Cinéma et philosophie- Eyes Wide Shut, séquence 1

Eyes Wide Shut, S. Kubrick (1999)
Séquences pour le cours du 18/11/08

Séquence 1: le premier rêve d'Alice




Séquence 2: le rêve de Bill


lundi 24 novembre 2008

Absence

Pour des raisons professionnelles, il n'y aura pas cours le jeudi 27/11/08. Ce cours sera rattrapé ultérieurement.

dimanche 16 novembre 2008

Textes pour le 20/11/08 - Le discours d'Aristophane, le Banquet, Platon


Le discours d'Aristophane dans le Banquet de Platon, lu, avec maestria, par J.F. Balmer et mis en image par P. Szidon, Production Arte-France, M. Pokosh Film.

Synopsis du cours du 6/11/08 - l'érotisme grec 2/3: les figures d'Eros 1/2

Mosaïque orné d'Eros, Anonyme, entre 1er et 3ème siècle ap J.C., Musée Archéologique d'Ephèse

L'eros doux-amer

Eros apparaît, dans la littérature grecque en général, comme une force caractérisée par son épanchement, voire ses emportements . Il est autant associé à l'eau, au vin, au sommeil, au rêve et à l'inspiration qu'à l'ivresse, la divination ou la colère. Eros est symbole du renouveau de la vie et des épanchements du désir comme il peut être cet archer espiègle qui empoisonne de ses charmes les jeunes amoureux et les emporte dans les affres de la passion.
Ainsi de ce fragment où Eros est à la fois l'élan du poète vers l'objet de son désir et l'amertume naissant du rejet par une fière dignitaire de Lesbos. "Amour, aux cheveux d'or qui me jette la balle à la couleur de pourpre, m'appelle pour jouer ave la jeune fille aux beaux xouliers brodés. Mais elle, qui s'en vient de Lesbos la cité, a vu mes cheveux blancs. Cela ne lui dit rien. Elle regarde ailleurs, vers d'autres que les miens."Anacréon, frag. 358
Eros s'incarne donc dans cette figure du "doux-amer" (Sappho) tant il est source d'un élan comme blessure de ou par cet élan.
"Pour les jeunes gens, Cyrnos, jusqu'au moment où il es tcomblé,
amour est piquant et doux, il est ravissant et cruel.
Car, si tu le satisfais, c'est la douceur. Mais si, le poursuivant,
tu en l'atteins pas, c'est la peine la plus grande de toutes
."
Théognis, 1353 et sq.
Les traits poétiques d'Eros le figure donc comme cette intensité capable de porter le sujet désirant vers l'objet de ses désirs comme de l'emporter au-delà de lui-même.

Aussi convient-il de garder à l'esprit que les Grecs ne condamne guère le désir en tant que tel mais ses emportements. C'est par conscience de sa puissance et de son omniprésence qu'il cultive le sens de la mesure.



L'eros séducteur

Cette force ambivalente qu'est l'Eros s'incarne dans 3 figures classiques de la littérature grecque: l'Eros-lion, l'Eros-chasseur et l'Eros effeminé. Eros y est cette force sauvage, c'est-à-dire cette puissance qui anime et porte vers ailleurs comme cet excès qui emporte au-delà de soi-même.
L'Eros-lion, à travers la figure de Paris (cf. par exemple chp. III de l'Iliade d'Homère) ou celle d'Alcibiade (cf. La Vie d'Alcibiade de Plutarque) s'y présente comme ce fauve habité par un instinct qui fait sa force et sa fureur. Le désir y est une force qui nourrit le désir comme qui détruit le sujet désirant.
L'Eros-chasseur représente cette figure anti-sociale qui ne poursuit que son propre plaisir. Le désir y est transgression car il porte au-delà du conformisme social. Eros y est un archer toujours à l'affut. Mais l'arc, dans les joutes homériques, est une arme inadaptée au conbat des héros; aussi, Pâris est-il un héros inaccompli, amant habile auprès d'Hélène mais combattant peu glorieux tant le champ de bataille réclame le face-à-face et la force brute plutôt que la ruse et l'habilité. Il en va de même d'Alcibiade au bouclier d'or et d'ivoire, luxe inadapté à la brutalité guerrière mais miroir de sa puissance érotique.
L'Eros-efféminé incarne quant à lui les tendances sensuelles et égoïstes du séducteur. Il est semblable au chasseur en tant que l'élan érotique qui le porte le fait stratège capable de vaincre tous les obstacles. Aussi, le séducteur est-il toujours glorifié par son habilité tandis que sa proie est humiliée car elle s'est soumise au puissance du désir. (cf. les subtilités comiques des épanchements adultères dans les Thesmophories d'Aristophane v. 479-489). Alcibiade, par son culte de l'ambiguïté sexuelle et de la provocation, y figure l'amant languissant et inactif (un moichos ("pisseur") comme le décrit Aristophane dans les Acharniens, c'est-à-dire quelqu'un dont le membre est voué au seul écoulement du plaisir).

Ce faisant, eros est, dans l'érotique grecque, une figure multiple et équivoque. Le désir y est admiré pour sa force comme moquer pour ses dérives. Le désir y est une force qui transporte et qui, parfois, emporte.

Cinéma et philosophie - à suivre...


Synopsis du cours du 6/11/08 - l'érotisme grec 1/3: remarques sémantiques

Il est de ces choses étranges qu'elle réclame plus qu'une simple tolérance pour l'exotique pour arriver à les saisir et à les comprendre. Nous jugeons de proche en proche au point parfois d'oublier qu'il y a des ailleurs.
Il en va ainsi de l'érotisme grec. Pour qui "érotisme" est synonyme de sexualité et d'intimité, il peut paraître difficile de percevoir combien l'eros grec irradie toutes les dimensions de la vie humaine, y compris ses usages publics. Pour qui l'érotisme est affaire de convenance et de censure, il ne peut que paraître étrange combien même l'obscène est affaire de société. Aussi est-il incompréhensible pour nous que les Grecs condamne l'homosexualité mais tolère la pédérastie, qu'il sacralise le mariage mais justifie la prostitution et l'adultère, qu'il ritualise le rapt ou le viol mais honore les femmes dans le mariage.

Ce faisant, il convient de rendre à l'erôs grec toute sa polysémie. Plus proche de notre" amour" dans l'usage de notre langue, le mot erôs désigne autant les relations amoureuses qu'amicales, les relations intimes que sociales, les relations des hommes aux dieux que des hommes entre eux. Ce n'est qu'au titre d'un mésusage de la langue et une confusion des sources et des notions que l'on a parfois distinguer trois sortes de désir chez les Grecs, l'erôs (ou désir sexuel), la philia (ou amitié) et l'agapê (ou désir désintéressé). Pire, c'est voir des oppositions là où les Grecs n'ont de cesse de conjuguer ses différentes dimensions du désir.
Il en va de même de la distinction entre erôs et philia qui est moins une opposition dans la langue qu'un constant déplacement des usages. Ainsi, autant chez Aristote, la philia, c'est-à-dire le fait de désirer et d'être désiré en retour, contient toutes les dimensions du désir au point qu'erôs n'en est qu'une de ses espèces, autant chez Platon, c'est la dissymétrie entre l'amant et l'aimé qui fonde l'aspiration à désirer et à être désiré au point que la philia n'est qu'un espèce de l'eros. Moins qu'une opposition de thèses, il faut y voir le constant recoupement des différentes dimensions du désir.

Ce faisant, il convient de retrouver une part de cette variété des uages et des sens d'erôs pour éclairer peut-être la pauvreté de notre désir. Aussi, Platon, dans le Banquet 205b, fait remarquer par l'intermédiaire de Diotime combien toute la richesse de l'erôs se voit réduite à la seule désignation des relations de l'amant et de l'aimé en obligeant à user d'autres termes pour signifier le désir de l'argent, de la gloire ou du savoir. Est-ce dire alors qu'il n'y a de véritable philo-sophie que sous la forme d'une éro-sophie?

samedi 8 novembre 2008

Cinéma et philosophie - Eyes Wide Shut, S. Kubrick





Projection et dialogue ciné-philosophique le samedi 15 novembre 2008 à 16h, Cinéma l'Odyssée.


Cours "Cinéma et philosophie" de l'Université populaire Européenne portant sur ce film les mardis 18 et 25/11 et 2/12/08, Cours St Louis, Quai Finkwiller. Inscription préalable à l'Université Populaire en suivant ce lien.

lundi 3 novembre 2008

Préambule au cours du 6/11/08

"Le christianisme donna du poison à Eros: il n'en mourut pas, mais dégénéra en vice."
Nietzsche, Par delà le bien et le mal, Maximes et interludes, §168

Illustration d'Augustin Carrache extraite de L'Arétin d'Augustin Carrache ou Recueil de postures érotiques d'après les gravures à l'eau-forte par cet artiste célèbre, éd° La nouvelle Cythère, Paris, 1798 - BNF, Réserve des livres rares, Enfer Smith-Lesouëf 4