Lectures philosophantes

Lectures philosophantes

mardi 22 décembre 2009

mercredi 16 décembre 2009

Bibliographie - Platon, Eros entremetteur

Sur Platon en général et le Banquet en particulier:

L. Robin, La théorie platonicienne de l'amour, éd° PUF, 1964 (épuisé)
Commentaire classique de l'érotisme platonicien qui met en lien autant le Banquet que le Phèdre ou le Lysis.

D.M Halperin, Amour et ironie, six remarques sur l'eros platonicien, éd° Cahiers de l'Unébévue, 2005.
Lecture brillante du Banquet qui met le texte en perspective de façon originale et pertinente.

M. Dixsaut, Le naturel philosophe, éd° Vrin.
Une introduction très entraînante à l'ensemble de la philosophie de Platon, introduction centrée sur l'idée de philosophie.

Sur l'amour platonique et la beauté d'Eros:

A. Bloom, Amour et amitié, éd° Livre de Poche.
Ouvrage posthume du philosophe américain qui tente de nous rééduquer érotiquement par la fréquentation des grands auteurs.

H.C. Desroches, P. Claudel, poète de l'amour, Cerf, 1949.
Synthèse remarquable de l'oeuvre de Claudel en autant de variations sur le thème du désir.

M. Larroque, Esquisse d'une philosophie de l'amour, éd° L'Harmattan.
Bon "mauvais livre" qui développe l'idée d'une source métaphysique du désir. On regrettera que la thèse d'une dimension sacramentelle du désir soit l'effet d'un contre sens sur la lecture du discours de Diotime dans le Banquet de Platon.

D. de Rougemont, L'amour et l'occident, éd° 10/18, 1972.
Un classique sur l'érotique des troubadours et la filiation avec l'amour platonique.

I. Nievo, Anti-aphrodisiaque pour un amour platonique, éd° Ombres.
Une odyssée rageuse par un poète-soldat pressé de vivre et d'écrire.

mardi 15 décembre 2009

Synopsis du cours du 3/12/09 - La beauté d'Eros

Eros a de nos jours quelque peu perdu de sa superbe. Cette puissance que Platon considérait encore comme l'expérience la plus haute qu'un homme puisse vivre, cette dynamique nous poussant à vouloir posséder le bien et à engendrer dans la beauté fait aujourd'hui pâle figure: quelque chose de ce qui lie 2 êtres s'est défait lorsqu'Eros a perdu sa malice et son ingéniosité, quelque chose de ce qui anime 2 êtres s'est perdue lorsque la possession du bien n'eut plus rien de désirable et qu'enfanter relevait plus de la gestion de la natalité que d'un quelconque érotisme.
C'est qu'Eros n'est presque plus rien pour nous et sa beauté nous est invisible.
Car en effet, le nom d'Eros comme le mot désir ne servent plus à dire l'expérience la plus enrichissante que puisse vivre un être. Comme le souligne Allan Bloom dans son ouvrage posthume l'amour et l'amitié, nous sommes des solitaires associés qui font de l'engagement l'expression d'une liberté individuelle qui peut à tout moment reprendre ses droits. Par ailleurs, l'âge adulte du désir est celui des désillusions sur la beauté possible du désir: on se contente d'une relation aimante lorsque le désir n'est plus la promesse d'une quelconque beauté. Enfin, de la vision statistique du comportement sexuel (Kinsey) à la tendance à réduire le travail du désir aux seules sollicitations de la pulsion sexuelle (Freud), le désir n'est plus qu'un problème comportemental dont on norme les alentours. Le désir n'est plus qu'une catégorisation du sexuel et non l'expression d'une puissance.
Parce que nous ne savons plus dire Eros et donc plus le vivre, Allan Bloom en appelle dès lors a une éducation du désir par la fréquentation des grands auteurs (Platon, Shakespeare, Rousseau, Stendhal...) afin d'entrevoir une part de cette beauté perdue d'Eros.
Mais, si la beauté d'Eros nous échappe, c'est aussi parce que le beau n'est plus pour nous qu'une catégorie esthétique particulière. Là où pour Platon comme pour la Grèce antique en général, le beau (kalos) et le bon (agathos) étaient parents, la beauté n'est pour nous plus que la qualité obligée de ce qui est désirable. Là où pour Platon, la beauté est cette ascension du désir en possession de la pleine puissance de ses moyens, la beauté n'est désormais pour nous que cette qualité éminente qui se manifeste chez quelques bienheureux.
Dès lors, comme degré d'une puissance qui définit l'entre-deux qui anime 2 êtres, le désir est au mieux de nos jours une relation, c'est-à-dire une proximité plus ou moins concomittante entre 2 individus. Comme dynamique toujours en branle qui sans cesse rejoue ce qui est en jeu entre deux êtres, le désir n'est plus qu'un rapport plus ou moins contractualisé, plus ou moins adéquat aux aspirations de chacun pris individuellement. Comme possession du beau et du bien, l'expression du désir ne semble plus en mesure de nous porter vers la beauté, tout au plus vers un certain goût pour l'agrément. Comme désir d'immortalité par la beauté, le désir n'engendre plus par excès, mais par demande ou nécessité. Enfin, comme ascension des beautés sensibles à la Beauté intelligible, le désir ne semble plus nous permettre de nous élever, tout au plus de nous divertir.
Nul nostalgie ne rendra à Eros sa superbe; seulement la conscience qu'il n'y a de désir que si quelque chose entre deux êtres est en jeu, c'est-à-dire est l'expression d'une puissance qui sans cesse lie ces 2 êtres tout en se jouant d'eux. Intimité est sans doute un des noms de cette beauté perdue d'Eros tant nous ne semblons plus conscient que le désir est ce qui creuse entre 2 êtres le lieu de leur jouissance comme de leur tourment, le lien qui fait le bonheur et parfois le malheur d'être ensemble.

Les images sont de la photographe néerlandaise Marrie Bot dans son travail intitulé Timeless Love (2004)

lundi 14 décembre 2009

Synopsis du cours du 26/11/09 - Anti-aphrodisiaques pour un amour platonique

(Titre repris à l'ouvrage d'Ippolito Nievo, auteur d'un petit livre rageur narrant l'odyssée érotique grotesque de deux personnages, Incognito et Anonyme. Cf. bibliographie.)

Puisque l'amour platonique est un contre-sens fait sur la philosophie du désir dans le Banquet de Platon, il faudrait une fois encore prendre le contre-pied de ces tendances à idéaliser le désir. Mais quelques entrejambes intellectuels ne sont pas inutiles pour s'exercer à comprendre que ces tendances vont à l'encontre d'un eros entremetteur dont la puissance émane de lui seul pour ne faire du désir qu'un dépassement vers autre chose que lui-même. Ce faisant, apparaîtra sans doute combien l'amour platonique n'a de platonicien que le nom, de désirant que l'aspect et de puissance qu'artificiel.

Au titre d'une démonstration par l'absurde, voici 7 anti-aphrodisiaques comme autant de façons de tempérer, de réduire voire de nier la puissance propre au désir:
  1. La désillusion, c'est-à-dire la perte de toute illusion quant à la nature élective du désir et la puissance singulière de ce qui unit les amants. (Cf. Ippolito Nievo, Anti-aphrodisiaque pour un amour platonique.) Si l'on ne peut aimer Mlle Morette, Mlle Octavie fera tout aussi bien l'affaire; l'ardeur vertueuse de l'amant et la noblesse de l'aimé suffisent à conférer à la relation sa dignité. Un amour ne peut être que platonique dès lors que l'on ne s'attache pas aux vélléités sensibles du désir pour ne se sacrifier qu'à l'aune de ses vertus morales.
  2. la courtoisie ou l'amour chevaleresque (la cortezia des troubadours ou le fin'amor des provencaux), c'est-à-dire ce raffinement du désir qui fait de la relation entre amants une épreuve où l'éprouvé doit trouver d'autres ressources que la chair. Un amour mérite le titre de platonique s'il n'est qu'un raffinement par épuration de la dimension sensible du désir orienté vers d'autres dimensions. La chair est encore parfois consommée hélas, mais sous couvert d'une relation qui se veut grandiose.
  3. la frustration ou l'abstinence, c'est-à-dire le refus volontaire ou involontaire de la satisfaction sexuelle. L'impuissance sexuelle du désir serait le vecteur de sa puissance morale. Un amour est d'autant plus platonique que l'aboutissement sexuel est contrarié permettant de se détacher du sensible pour vaquer à l'intelligible.
  4. l'idéalisation, c'est-à-dire le processus consistant à sur-évaluer l'objet désiré. Moteur de la ferveur amoureuse, l'idéalisation élève l'objet désiré et m'oblige à être à la hauteur de cet objet. Un amour est d'autant plus platonique que l'on confère à l'objet désiré une valeur impossible.
  5. la sublimation, c'est-à-dire l'action de purifier, de transformer en s'élevant, mais aussi, en terme psychanalytique, de réorienter certains instincts vers des buts à valeur sociale ou affective plus élévée. Ainsi, du génie de Léonard de Vinci, qui, suivant Freud dans Un souvenir d'enfance, a pour cause primitive une curiosité enfantine pour les parties sexuelles féminines. Un amour est d'autant plus platonique que le désir qui nous pousse est guidé vers des satisfactions plus grandioses.
  6. l'adoration, c'est-à-dire l'affection passionnée pour quelque chose ou quelqu'un où l'affection est le chemin vers un objet désiré plus haut. Ainsi de la femme comme créature qui est un chemin vers le Créateur dans l'oeuvre de Claudel. L'amour est platonique lorsque les beautés indiquent le chemin vers le Beau lui-même et y mènent de bonnes grâces.
  7. la bienveillance (ou agapê) c'est-à-dire cette disposition généreuse à l'égard de tous et dont le moteur est la compassion. Parce que le désir est sans objet, il n'est que pure volonté, pure puissance qui l'anime sans visée particulière. L'amour platonique est la pleine puissance du désir en tant qu'il est sans objet, sans intermédiaire pour jouer les troubles-fêtes.
Jouer les acrobates de la pensée doit maintenant permettre de voir combien la puissance du désir n'est rien d'autre que cet intermédiaire entre le corps et l'âme, entre le sensible et l'intelligible, entre beautés sensibles et Beauté intelligible. Sans cette entremise, le désir n'est rien, si ce n'est la puissance extérieure à lui-même qu'on lui confère.

mercredi 9 décembre 2009

Absence

Pour cause de maladie(s), le cours du 10 décembre 2009 ne pourra avoir lieu. Il sera rattrapé ultérieurement. Prochain cours: le jeudi 17 décembre.

lundi 7 décembre 2009

Texte pour le cours du 10/12/09

Le cours du 10/12/09 fera office d'introduction au vocabulaire de Spinoza et en particulier sur le vocabulaire nécessaire à la lecture de la IIIème partie de l'Ethique.


dimanche 6 décembre 2009

Cinéma et philophie - Perversion de la possession

2 séquences sont visibles en suivant ce lien.

Husson ou l'ironie du désir





mercredi 2 décembre 2009

Synopsis

Le synopsis du cours du 19/11/09 a été complété ici.