Lectures philosophantes

Lectures philosophantes

lundi 28 janvier 2008

Pas de cours le 31/01/08

Pour des raisons professionnelles, il n'y aura pas de cours le jeudi 31/01/08.

mardi 22 janvier 2008

Mise en bouche pour le cours du 21/01/08



L'appêtit est-il la qualité des bons mangeurs ou le savoir-faire des cuisiniers ?

Photographies et recettes de M. Bras, éd° du Rouergue, 2002

lundi 21 janvier 2008

Outils - l'appétit




Au-delà de sa simple valeur patrimoniale, un concept vaut en tant qu'outil.

Plus que connaître l'histoire de tel ou tel concept, il convient d'apprendre à se servir d'un concept comme instrument de sa propre pensée.

L'appétit ne se confond pas avec la faim. Là où la faim n'est que le signe d'un manque, l'appétit est un mécanisme du désir où mouvement du désir et jugement sur le désir se confondent. Ainsi l'appétit peut-il être cette forme pressante du désir (avoir un gros appêtit...etc) comme une forme plus élaborée du désir (aiguiser, éveiller l'appêtit...etc). L'appétit est ce supplément d'âme à un vulgaire besoin.

Ainsi l'appétit est cet élan vital qui, à des degrés divers, anime et transporte les êtres vivants. Mais il n'est pas que pulsion de vie, il est aussi ce qui permet de transformer cette même pulsion. Ainsi, désirer est avoir la sensation de ce qui est désirable (voir une belle robe), exprimer sous la forme d'un énoncé son désir ("je veux ce vêtement...") et émettre un jugement sur l'objet de son désir ("... parce qu'elle m'irait si bien!"). Dès lors, l'appétit est autant le mouvement qui me porte vers tel ou tel objet désiré ou désirable que la façon dont un sujet désirant se représente un objet désiré. Désirer, c'est être touché par quelque chose et y penser.
L'appêtit est alors un moteur mis en mouvement qui à la fois nous pousse à désirer toujours et encore et nous permet en même temps de définir ce qui est désirable pour nous. Aussi ne suffit-il pas d'avoir faim pour se mettre en appétit mais encore faut-il imaginer ce que l'on va manger et en élaborer le menu. Car comme moteur mis en mouvement, l'appétit ne doit pas être confondu avec le mobile (les besoins du corps) ou le mécanisme (la faim et ses avatars), mais être compris comme le mouvement qui nous pousse à nous alimenter comme à imaginer ce qui est susceptible de nous régaler.

L'appétit est ce moteur qui nous anime et que l'on transporte à sa guise.

Synopsis du cours du 17/01/08 - I/ 1/ b/ L'appétit

Cherchant ce qui est au principe du mouvement dans le vivant, Aristote ne l'assimile ni à la faculté nutritive, ni à la faculté sensitive, ni à la faculté intellective. Ainsi, avoir faim, sentir le fumet d'un aliment et se représenter un bon plat participe du mouvement de l'appêtit mais n'est pas au principe de l'appétit. Ils excitent l'appétit mais ne sont pas l'appétit car celui-ci est médiété entre sensation, représentation et action.
En effet, l'appétit est non seulement le mouvement qui anime le vivant, mais aussi le jugement qui définit les moyens pour parvenir à une fin. Il est médiété entre l'objet du désir et le sujet désirant comme l'homme courageux est le juste milieu entre le peureux et le téméraire (Ethique à Nicomaque, III, 9 à 12). Car chez l'homme courageux, la peur n'empêche pas le jugement sur l'action à tenir et le jugement ne le rend pas aveugle à la réalité de ce qui fait peur. Le courage est ainsi le résultat d'une juste appréciation sur ce qu'il faut faire. Il en va de même de l'appétit qui non seulement suppose la sensation qui excite la faim mais aussi le jugement qui définit ce qui est propre à satisfaire cette faim.
Les moteurs de l'âme sont donc multiples mais le mouvement qui l'anime est le même bien qu'il diffère en raison et en puissance. Or, la puissance est ici la capacité qui est principe de mouvement ou de changement d'un état à un autre. L'appétit est alors la puissance de se nourrir. Mais tout acte est antérieur à une puissance, c'est-à-dire que toute puissance ne s'actualise qu'au titre d'une propriété (energeia - le pépin de pomme devient pommier) ou d'une perfection (entelecheia - le pépin de pomme devenu pommier). Il en va de même de l'appêtit à la fois puissance de se nourrir qui pousse à s'alimenter ou qui mène vers tel ou tel aliment, mais aussi manières de s'alimenter selon les tempéraments et les habitudes.
A rebours de Platon qui fait du désir ce conflit permanent qui travaille le sujet désirant, Aristote, par l'appétit, fait du désir à la fois ce mouvement qui anime le sujet désirant et cet objet de la volonté qui peut ne dépendre que du sujet lui-même.

lundi 14 janvier 2008

Pied de nez

Ceci n'est pas une publicité mais un exercice pour la pensée. Cela réclame certes du temps de cerveau disponible mais il est inutile de boire du coca-cola pour réussir l'exercice.


Qu'est-ce?
Un substitut à la volonté ou une aide pour le corps ?
L'illusion d'une quelconque maîtrise de soi ou les premiers pas vers l'équilibre ?

samedi 12 janvier 2008

Synopsis du cours du 10/01/08 - I/Eclats 1/ l'expérience du désir b/ l'appêtit

Où l'expression "l'appêtit vient en mangeant" témoigne d'un mécanisme du désir: la volonté est autant cause du mouvement du désir que le désir lui-même .
Car l'appêtit est autant le mouvement qui porte à rechercher ce qui peut satisfaire un besoin (un appêtit d'ogre) qu'un jugement sur le plaisir que l'on trouve à se nourrir (avoir de l'appêtit, un gros appêtit...etc). En quoi alors l'appêtit est-il ce supplément d'âme à un vulgaire besoin?

Ainsi de l'âme chez Aristote qui est ce souffle qui anime le vivant à des degrés divers: elle n'est pas le corps mais quelque chose du corps à la fois en lui (principe formel qui anime le corps) et distincte de lui (puissance incorruptible). Ainsi de l'âme des vivants qui, comme capacité à se mouvoir et comme capacité à interagir avec son milieu permet de distinguer entre 4 capacités (nutritive, sensitive, motrice et intellective).
Mais ce n'est pas là tant un problème comptable (deux, trois facultés ou plus?...) que la difficulté à définir une même faculté qui ne diffère qu' "en raison et en puissance". Ainsi désirer, c'est à la fois avoir la sensation de l'objet de son désir (voir un beau vêtement), énoncer que l'on désire ("je veux cet habit...") et émettre un jugement sur l'objet de son désir (" ... parce qu'il m'irait si bien"). Dès lors, désirer n'est pas qu'éprouver la présence ou l'absence de l'objet de son désir, mais aussi déterminer tant par les sens que par l'intellect ce qui est bon ou mauvais pour nous. Là où c'est le désir qui travaille le corps chez Platon, chez Aristote, l'âme est quelque chose du corps qui travaille à la maîtrise des plaisirs.
L'appêtit est alors affaire de jugement autant que de sensibilité. Elle est la sensation d'un besoin, l'énonciation d'une envie et la formulation d'un souhait sans que l'ordre de ses opérations ne soit impératif. Ainsi peut-on vouloir manger sans en ressentir le besoin (grignoter par ennui par exemple) ou avoir besoin de manger sans le vouloir (ne pas avoir faim) car l'appêtit est un moteur mis en mouvement.