(Texte à corriger)
Le désir est, chez Spinoza, ce qui nous dispose au monde, c'est-à-dire être inscrit dans le réel comme une certaine façon d'être, une certaine façon d'être affecté par les choses ou idées de ces choses et une façon déterminée d'agir ou de pâtir du fait de ces affections. Ce faisant, si désirer, c'est être disposer d'une certaine façon à quelque chose, le désir est alors une puissance ambiguë en tant que cette disposition peut être autant l'effet d'une certaine puissance d'agir ou d'une certaine puissance de pâtir. Le désir est une disposition affective, et parfois réflexive, qui fait d'un mode de vie parfois aussi un mode de penser.
Ce faisant, cette capacité à se disposer au désir est ce que Spinoza appelle la joie ou augmentation de la puissance d'agir, la seule faculté d'être disposé au désir est, à l'inverse, la tristesse ou diminution de la puissance d'agir. Parce que la joie est une puissance propre à soi qui traduit notre rapport au monde, elle est un mode d'être, une façon de se rapporter au réel. Elle est un présent immédiat, celui d'une concomitance à soi en tant que sa manière d'être sonne juste avec ce que rend possible le réel. La joie comme la tristesse sont et demeurent une capacité à des degrés effectifs divers de composer plus ou moins adéquatement avec le réel.
Il en va ainsi de Malec l'insaisissable alias Buster Keaton dans la séquence extraite de The Goat (1927) ci-dessous en tant que joie et tristesse sont des affects liées aux différents degrés de notre puissance d'agir. La tristesse ou la joie de Malec se traduisent par sa difficulté ou son agilité à composer avec le réel.
(séquence)
Ce faisant, les hommes sont le plus souvent confrontés, dans leurs désirs, à une situation où ils sont affectés par quelque chose dont ils prennent connaissance a posteriori. Autrement dit, ils sont d'abord affectés par les choses et de ces affections se font un certaine idée. L'imagination, si ce n'est la conscience, prend ainsi acte des choses qui affirment leur existence et par les images ou les idées que l'homme se fait des choses, celui-ci affirment ou nient à son tour la puissance qu'il est. Désirer, c'est être touché par quelque chose ou quelqu'un et comprendre ce qui me touche, ce qui me met en joie ou m'attriste.
Ainsi de Buster Keaton dans la séquence suivante extraite de The Goat où Malec est confronté à sa propre image confondue avec celle de Dan la Gachette, il n'a de cesse de passer par différents états selon qu'il comprend ou ne comprend pas la lien entre image et réalité dans la méprise qui fait le sel de la séquence.
(séquence)
Dès lors, il faut répéter combien chez Spinoza, l'homme est toujours d'abord un être en situation. On est d'abord affecté, on réfléchit ensuite à la façon dont on est affecté et ce n'est qu'au titre d'une certaine façon de vivre que nous anticipons sur ce qui peut nous procurer de la joie ou de la tristesse. Aussi, désirer est-il faire ce que l'on peut avec le réel en tant que nous sommes une puissance d'agir dont les degrés disent notre capacité plus ou moins grande à désirer, c'est-à-dire à composer avec le réel.