(Notes à compléter)
La machine désirante fonctionne suivant trois modes: connexion-disjonction-conjonction; prélèvement-détachement-reste; Libido-Numen-Voluptas. Ces 3 modes de fonctionnement n'ont de cesse de faire du désir quelque chose qui machine du réel. Aussi, le désir est-il ce qui produit du réel, le désir est machine en tant qu'il ne cesse de faire le réel comme résultat de cette machination. Il n'y a pas d'autre réalité que celle produite par le désir, il n'y a de désir qu'en réalité.
On ne cessera pas de s'étonner que le schizophrène soit pour Deleuze et Guattari le le modèle-type de cette expérience désirante (par exemple cf. I,1) et qu'il préfigure un meilleur modèle que le névrosé. Il faut cependant comprendre que là où le névrosé désigne le conflit entre le désir et la réalité, le schizophrène affirme que le désir est immanent au réel. Il témoigne dès lors non d'un conflit entre désir et réalité, mais d'un hiatus entre la réalité de l'expérience désirante et sa représentation. Ainsi du Lenz de Büchner dont la souffrance est moins d'être connecté à toutes les forces de la nature que de devoir faire rentrer cette expérience dans le cadre culturel posé par le pasteur Oberlin (exercices de classification...). Le schizophrène est en-deça de toute représentation qui organise la nature (nature/culture, nature/industrie...) et la soumet à une représentation. Il incarne l'expérience pure du réel tout entier sans le filtre des catégories qui l'organise en réalité particulière. Le schizophrène est celui qui désire-délire du réel.
Ce faisant, la figure du schizophrène désigne l'expérience authentique du désir comme délire, c'est-à-dire comme machine désirante faite de flux et de coupure. Le schizophrène est le modèle-type de la machine désirante en tant qu'il produit directement du réel, qu'il délire directement dans le réel sans passer par les finalités du désir définies par telle ou telle machine sociale.
Reste cependant à interroger la pertinence de ce choix. On connaît la critique ("vous n'avez jamais vu un schizophrène"), Deleuze et Guattari la mettant eux-mêmes en scène (cf. AOe p. 456). Mais alors, que faire du schizophrène de Deleuze et Guattari?
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