Lectures philosophantes

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vendredi 5 juin 2009

Synopsis du cours du 14/05/09 - Schopenhauer, le vouloir-vivre

L'oeuvre de Schopenhauer est, pour son malheur, recouverte de l'ombre de sa caricature. Inventeur du pessimisme, il passe pour un vulgaire grincheux; prophète d'une seule vérité, celle qui révèle l'énigme du monde, on a tôt fait de le réduire à n'être qu'un solitaire mysanthrope et mysogine ou un nihiliste désabusé. La caricature du philosophe attire plus que son système.

Mais Schopenhauer lui-même a forgé sa caricature, car il ne fut l'homme que d'une vérité, sans cesse reformulée pour le meilleur et pour le pire: le monde que nous nous représentons n'est pas le monde lui-même comme Volonté. Mais, bien que notre perception du monde, soumise au principe de raison suffisante, soit limitée par les formes a priori de la sensibilité que sont l'espace, le temps et la causalité, nous avons connaissance des manifestations de notre volonté par l'expérience de notre corps. Ainsi, lorsque je crois vouloir une chose, je présens que cet objet de ma volonté est le but d'autre chose que ma seule volonté . Si je désire telle personne, celle-ci est l'objet de ma volonté, mais aussi le but de la Volonté comme satisfaction des besoins de la vie. Il faut dès lors distinguer entre la cause et l'excitation: cette dernière, par son intensité, me fait croire que ma représentation est cause de mon désir; c'est là ne pas voir que ma représentation est causée par un désir qui dépasse mes considérations individuelles.
Ce faisant, que veut la Volonté ? Ma volonté est la représentation d'un motif à mon désir, tandis que la volonté est la visée d'une perpétuelle continuation. Dès lors, je crois être sujet de ma volonté alors que je suis l'objet de la Volonté. Lorsque je veux manger telle chose, la représentation de ce que je veux manger est mienne, la volonté de manger est volonté de la Volonté. La Volonté est alors ce vouloir-vivre qui répond à des nécessités dépassant les considérations individuelles. La Volonté est cet effort sans fin toujours en jeu dans les actes de ma volonté. Aussi suis-je l'objet de la Volonté en tant qu'elle me fait vouloir ce qui est nécessaire à la vie.

Dès lors, la Volonté implique 3 restrictions quant à la nature de mon désir: 1/ de mon désir, je n'ai qu'une représentation de ce que je désire, non de ce qu'est désirer; 2/ il est nécessaire qu'il y ait une certaine conformité entre ce que je désire et ce qu'est a Volonté, car sinon, je ne fais que désirer mon propre malheur; 3/ non seulement mon désir est aveugle à ce qui l'excite et le détermine, mais plus encore la Volonté est sourde à toutes formes de revendications individuelles. Ma volonté sait ce qu'elle veut, mais la Volonté ne sait que vouloir, sans qu'il y ait un quelconque but, une quelconque fin à cette volonté autre que vouloir. Dès lors, désirer est, ou manquer ou s'ennuyer: c'est vouloir ce qui nous manque, c'est-à-dire ce que veut la Volonté, ou c'est vouloir que ce veut la Volonté, c'est-à-dire s'ennuyer à défaut de savoir ce que l'on veut.


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