Lectures philosophantes

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jeudi 20 mai 2010

Synopsis du cours du 25/05/10 - Sade, un libertin sans retour

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L'oeuvre du marquis de Sade, sans doute la plus obscène et la plus violente jamais écite, a aussi le triste privilège de ne presque plus être lu. Car qui ouvre un livre de Sade s'apprète à vivre une expérience, celle d'un désir dont la puissance ne peut mener qu'à l'abîme. Les grands écrivauns sont des cliniciens: il nous dresse la tableau d'un réalité que sans eux nous ne saurions voir et que grâce à eux nous n'avons à vivre qu'à travers leurs livres.
Jusqu'à un certain point, le divin marquis est un Spinoza exacerbé, le paradigme exacerbé de la puissance du désir. Car, si le désir est l'expression d'un certain degré de puissance, c'est-à-dire d'un certain rapport au monde, le désir sadien est la tentative de se libérer de la servitude des moeurs pour laisser libre cours au désir lui-même. Là où Spinoza fait de la puissance de désirer le vecteur d'une certaine joie ou d'une certaine tristesse, le désir sadien ne vise que la plus grande joie, la plus grande jouissance possible. Dès lors, là où Spinoza nous invite à rechercher un
optimum de puissance, c'est-à-dire un juste équilibre entre la nécessité d'être affecté et la puissance de se disposer d'une autre façon, Sade nous indique combien le désir peut être une puissance despotique qui ne tend que vers un summum de jouissance. Le désir est une puissance qui nous libère lorsque nous savons en faire un usage singulier, mais qui peut être notre servitude si ce même désir n'est qu'une force impersonnelle.
Ainsi de la philosophie dans le boudoir (1795), dont le 3ème dialogue nous offre la description érotique du corps, partie par partie, en vue du seul plaisr comme écoulement et retenue. Ainsi de ce même 3ème dialogue où la vertu du vice est argumentée par Mme de Saint Ange se livrant ainsi à la nécessité de la débauche pour révéler la vraie nature des corps du désir. Ainsi du pamphlet du 5ème dialogue où se joue le double voix de Dolmancé et celle, en décélage, de l'auteur lui-même, où tant la distinction entre jouissance et possession que la figure de la prostitution illustrent la nature même d'un désir despotique qui peut être, comme les deux côtés d'un abîme, le vecteur d'une libération joyeuse ou d'une jouissance servile.

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