Du libertin, nous avons sans doute aujourd'hui oublié qu'avant d'être un libre-jouisseur, il est d'abord un libre-penseur. Il n'y a de libertinage que pour celui dont la puissance de désirer tend à se libérer de ce qui l'entrave, ce qui suppose une certaine disposition d'esprit autant que de corps. Dès lors, le lien entre le libertinisme et la philosophie de Spinoza demeure celui d'un courant radical plus ou moins candestin avec un système de pensée qui fournit aux libertins une multiplicité d'outils pour libérer le désir. Ainsi du Tractatus Theologico-Politicus, interdit de publication en 1676, mais qui connu une publication partielle dès 1670 ainsi qu'une diffusion clandestine qui fit connaître les démonstrations. Ainsi de l'Ethique qui, à titre posthume, bénéficia des efforts de ses plus fidèles lecteurs pour une diffusion fragmentée et aussi clandestine que possible. La philosophie de Spinoza, mais aussi celle de Hobbes, Vanini ou encore La Mothe Le Vayer, irrigueront ainsi le mouvement libertin qui sût en faire une machine de guerre contre toutes formes d'entraves à la puissance du désir. Le paradigme de cette créature de la littérature philosophique qu'est le spinozisme demeure L'esprit de Spinoza ou Traité des 3 imposteurs. L'ouvrage procède par assimilation, extension théorique ou citations plus ou moins directes comme autant d'argument contre les préjugés des théologiens. Ainsi du chapitre II, §3 du Traité qui est une citation plus ou moins déguisée de l'appendice d'Ethique I.
Lisant les textes libertins, il s'agit donc d'y lire l'influence de Spinoza tout en gardant à l'esprit que le spinozisme qui influe sur ce mouvement radical est une créature littéraire.
Lisant les textes libertins, il s'agit donc d'y lire l'influence de Spinoza tout en gardant à l'esprit que le spinozisme qui influe sur ce mouvement radical est une créature littéraire.
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