Lectures philosophantes

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samedi 24 novembre 2007

Synopsis du cours du 22/11/07 - Ma tête, mon coeur...3/5 - les ardeurs de l'âme

Où il apparaît que la question de la tripartition de l'âme chez Platon est moins l'objet d'un exercice comptable (un, deux ou trois principes?) qu'un problème de mécanique: comment rendre compte de l'ardeur de l'âme sans ne voir de l'intensité que dans les plaisirs du corps?
Ainsi de Léontios (République, 439e-441c) remontant du Pirée vers Athènes qui, aperçevant des cadavres qui gisaient au lieu des exécutions publiques, fut pris à la fois du désir de regarder et en même temps était rempli d'aversion. Résistant un certain temps et se voilant le visage, il fut finalement subjugué par son désir. Il ouvra alors grand les yeux et, courant vers les suppliciés, dit "Voilà pour vous, génie du mal, rassasiez-vous de ce beau spectacle!"
Le thumos est ici un principe médian à la fois force de résistance à la tentation du voyeurisme, emportemen obscène du désir et colère de la raison devant la subjugation des désirs.
Mais affirmer que la dynamique du désir est l'objet de 3 principes concurrents, c'est courir le risque de la contradiction (le manichéisme de la raison et des passions a pour lui l'apparence de la simplicité). Le sujet désirant est ainsi selon Platon semblable à une toupie (République 436d-e), immobile sur son axe mais animée d'un mouvement de rotation où l'équilibre est le seul garant de l'unité dans la multiplicité.
Qui désire est à la fois poussé hors de lui vers l'objet désiré mais aspire en même temps à se rendre maître de la force et de l'orientation de son désir. Aussi le désir est-il le moteur qui anime le sujet désirant tout en lui faisant courir le risque de l'emporter plus loin qu'il ne le souhaite.
Aussi, chaque désir peut être de l'ordre de l'agir (approbation - ex. désirer boire) ou du pâtir (désapprobation - ex. ne pas désirer boire), mouvement d'adhésion ou de rejet. Il convient ainsi de distinguer entre une définition absolue du désir (soif de boire en général) et un désir relatif (soif de boire telle boisson plutôt qu'une autre): un sujet ne devient maître de son désir non pas parce qu'il désire tel ou tel objet mais parce qu'il se rend maître de comment il désire. Car désirer n'est pas tant être attiré vers... mais s'activer à..., c'est-à-dire n'est pas savoir ce que l'on désire, mais comment désirer.
Dès lors, le désir travaille le sujet désirant: il le pousse autant qu'il le contraint, le bouscule autant qu'il le tend, l'anime autant qu'il l'agite, l'excite autant qu'il le raisonne. Mais ce constant jeu entre raison, ardeur et désirs est cette intensité même qui traduit toute la vivacité du désir et fait la joie autant que les tracas du sujet désirant.

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