Lectures philosophantes

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vendredi 21 décembre 2007

Synopsis du cours du 20/12/07 - Diversion - révolte et colère

L'indignation, la révolte et la colère sont 3 notions apparentées au désir comme expérience de ce qui contrarie notre désir de justice ou notre sens moral. Ainsi, être indigné, c'est être affecté par la détresse d'un autre et s'évertuer à agir pour son bien. Il faut cependant distinguer entre l'emportement et la saine colère. L'engagement politique ou humanitaire est affaire de coeur, mais le coeur a ses accès de fièvre comme ses vertus affectives.

Ainsi du paradoxe de la révolte dans Les frères Karamazov de Dostoïevski. Pour Ivan Karamazov, l'amour du prochain est un miracle impossible car il n'est qu'un devoir moral envers un miséreux et non la révolte devant la misère. La seule trace de la révolte pour Ivan est celle devant le martyr des enfants qui condamne la légitimité de l'harmonie divine et renvoie le croyant à ses illusions.

Ainsi de la colère comme affect occidental selon P. Sloterdijk tant comme puissance élémentaire qui traverse toute notre culture que comme écume d'un ressentiment propre à faire et à défaire le tissu social. La colère est alors ce processus illusoire, vecteur d'idéologie, qui permet d'englober, de conserver et d'enfermer un groupe social dans la pratique défouloir du bouc-émissaire. Les groupes sociaux peuvent ainsi se lire comme la longue histoire des banques de colère qui capitalisent sur l'énergie mal maîtrisée des individus.

La colère est l'énergie avec laquelle on fabrique l'idéologie et la servitude tandis que la révolte est ce souffle de liberté qu'il faut savoir conserver sans s'en laisser dire.

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