Lectures philosophantes

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lundi 21 janvier 2008

Synopsis du cours du 17/01/08 - I/ 1/ b/ L'appétit

Cherchant ce qui est au principe du mouvement dans le vivant, Aristote ne l'assimile ni à la faculté nutritive, ni à la faculté sensitive, ni à la faculté intellective. Ainsi, avoir faim, sentir le fumet d'un aliment et se représenter un bon plat participe du mouvement de l'appêtit mais n'est pas au principe de l'appétit. Ils excitent l'appétit mais ne sont pas l'appétit car celui-ci est médiété entre sensation, représentation et action.
En effet, l'appétit est non seulement le mouvement qui anime le vivant, mais aussi le jugement qui définit les moyens pour parvenir à une fin. Il est médiété entre l'objet du désir et le sujet désirant comme l'homme courageux est le juste milieu entre le peureux et le téméraire (Ethique à Nicomaque, III, 9 à 12). Car chez l'homme courageux, la peur n'empêche pas le jugement sur l'action à tenir et le jugement ne le rend pas aveugle à la réalité de ce qui fait peur. Le courage est ainsi le résultat d'une juste appréciation sur ce qu'il faut faire. Il en va de même de l'appétit qui non seulement suppose la sensation qui excite la faim mais aussi le jugement qui définit ce qui est propre à satisfaire cette faim.
Les moteurs de l'âme sont donc multiples mais le mouvement qui l'anime est le même bien qu'il diffère en raison et en puissance. Or, la puissance est ici la capacité qui est principe de mouvement ou de changement d'un état à un autre. L'appétit est alors la puissance de se nourrir. Mais tout acte est antérieur à une puissance, c'est-à-dire que toute puissance ne s'actualise qu'au titre d'une propriété (energeia - le pépin de pomme devient pommier) ou d'une perfection (entelecheia - le pépin de pomme devenu pommier). Il en va de même de l'appêtit à la fois puissance de se nourrir qui pousse à s'alimenter ou qui mène vers tel ou tel aliment, mais aussi manières de s'alimenter selon les tempéraments et les habitudes.
A rebours de Platon qui fait du désir ce conflit permanent qui travaille le sujet désirant, Aristote, par l'appétit, fait du désir à la fois ce mouvement qui anime le sujet désirant et cet objet de la volonté qui peut ne dépendre que du sujet lui-même.

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