Lectures philosophantes

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lundi 21 janvier 2008

Outils - l'appétit




Au-delà de sa simple valeur patrimoniale, un concept vaut en tant qu'outil.

Plus que connaître l'histoire de tel ou tel concept, il convient d'apprendre à se servir d'un concept comme instrument de sa propre pensée.

L'appétit ne se confond pas avec la faim. Là où la faim n'est que le signe d'un manque, l'appétit est un mécanisme du désir où mouvement du désir et jugement sur le désir se confondent. Ainsi l'appétit peut-il être cette forme pressante du désir (avoir un gros appêtit...etc) comme une forme plus élaborée du désir (aiguiser, éveiller l'appêtit...etc). L'appétit est ce supplément d'âme à un vulgaire besoin.

Ainsi l'appétit est cet élan vital qui, à des degrés divers, anime et transporte les êtres vivants. Mais il n'est pas que pulsion de vie, il est aussi ce qui permet de transformer cette même pulsion. Ainsi, désirer est avoir la sensation de ce qui est désirable (voir une belle robe), exprimer sous la forme d'un énoncé son désir ("je veux ce vêtement...") et émettre un jugement sur l'objet de son désir ("... parce qu'elle m'irait si bien!"). Dès lors, l'appétit est autant le mouvement qui me porte vers tel ou tel objet désiré ou désirable que la façon dont un sujet désirant se représente un objet désiré. Désirer, c'est être touché par quelque chose et y penser.
L'appêtit est alors un moteur mis en mouvement qui à la fois nous pousse à désirer toujours et encore et nous permet en même temps de définir ce qui est désirable pour nous. Aussi ne suffit-il pas d'avoir faim pour se mettre en appétit mais encore faut-il imaginer ce que l'on va manger et en élaborer le menu. Car comme moteur mis en mouvement, l'appétit ne doit pas être confondu avec le mobile (les besoins du corps) ou le mécanisme (la faim et ses avatars), mais être compris comme le mouvement qui nous pousse à nous alimenter comme à imaginer ce qui est susceptible de nous régaler.

L'appétit est ce moteur qui nous anime et que l'on transporte à sa guise.

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