Lectures philosophantes

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mardi 7 octobre 2008

Cinéma et philosophie - Synopsis du cours du 7/10/08 1/2

La relation entre le cinéma et la philosophie est ambiguë. On peut certes supposer que le cinéma dispose d'une évidente capacité à véhiculer des idées; on peut aussi supposer que la philosophie a les ressources nécessaires pour expliquer un film. Mais c'est là faire abstraction de la singularité de chacun de ces modes d'expression: le cinéma relève de la logique des images et la philosophie de celle du langage.

1. Cinéma et philosophie: pédagogie du concept par l'image.
On peut ainsi voir dans le cinéma un moyen de manifester une idée: ce qui fait la consistance d'un film est en effet moins l'action ou le récit que l'idée qui s'y développe. Le cinéma traite ainsi de thèmes et d'idées qui peuvent être philosophiques. La force d'un film est alors d'emporter le spectateur dans le mouvement de démonstration d'une idée.
Ainsi de Forrest Gump de R. Zemeckis qui illustre la distinction entre volonté et entendement chez Descartes. Exemple emprunté à O. Pourriol. Cf. Bibliographie et son blog.
Descartes, dans la IVe Méditations Métaphysiques, définit la volonté comme une faculté infinie à l'image et la ressemblance de Dieu. Tant sous la forme de l'expérience du libre-arbitre que comme idée d'un infini ample et étendu, la volonté se heurte à la finitude de l'entendement. En effet, celui-ci est la faculté de concevoir les idées de façon claire et distincte dès lors que l'on perçoit les chaînes de raison qui les relient entre elles. Aussi, selon Descartes, l'esprit humain est déchiré entre une volonté qui peut tout vouloir et un entendement qui ne peut pas tout concevoir.


Forrest Gump est l'incarnation de cet entendement limité mais dont la volonté est infinie. Ainsi de la séquence de la course: Forrest ne conçoit le but de sa course que de proche en proche (limite de la ville, du comté, de l'Etat, du continent...) tout en conservant cette capacité infinie à courir sans raison encore et toujours. Il est l'affirmation nue d'une pure volonté, à rebours de ceux qui le suivent et qui cherchent, chacun à sa façon (sens de la vie, miracle du commerce...), une raison à sa course.
Aussi, R. Zemeckis illustre à merveille, par son divertissant idiot du village, les abstraites thèses métaphysiques de Descartes.

Mais n'est-ce pas là subordonner le cinéma à la philosophie? N'est-ce pas là donner un supplément d'âme à des images qui , sans cela, plongeraient dans la vulgarité de l'évidence sensible? Le cinéma ne peut-il pas se passer de la philosophie pour penser?
Or, bien que d'un formalisme esthétique assez classique, les choix esthétiques de R. Zemeckis traduisent tantôt le passage des limites


(image 1 et 2 - plans dynamiques pour effacer la frontière)


















tantôt la traversée indéfinie d'un espace (plan 3 et 4- plans-paysages traversés de diagonale ou d'horizontale).
















Exemples parmi d'autres de la possibilité pour le cinéma d'exprimer une pensée par une image sans recourir à un concept.

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