Lectures philosophantes

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mardi 21 octobre 2008

Synopsis du cours du 16/10/08 - Introduction 1/2

L'éclatement polysémique du terme "désir" (cf lien) semble se résorber dans le manque. En effet, les multiples éclats du désir contiennent tous quelque chose du manque qui anime le désir.

Ainsi de la faim qui, dans toutes les variations de son mécanisme, abrite en son sein le manque.









Ce faisant, la définition du désir comme manque est autant un lieu commun du langage ordinaire qu'un topos de la philosophie. Le manque semble être la pierre d'achoppement de l'ensemble des discours sur le désir. Que faire dès lors de ce manque? Nier cette dimension du désir, c'est manquer quelque chose du désir; identifier le désir au manque, c'est manquer quelque chose du désir. C'est là un effet de sidération du désir qui ne cesse de se dérober à la pensée.
A définir le désir comme la conscience d'une tendance qui porte vers un objet réel ou imaginaire, on notera que le désir se distingue en sujet et objet du désir. Dans cette division, le manque est autant une force d'entraînement vers l'objet désiré que la force d'attraction de cet objet.


Ainsi de l'attirance qui est autant le résultat d'un effort de séduction du sujet désirant que l'effet des attraits de l'objet désiré. Autrement dit, le manque à l'oeuvre dans le désir est une propriété de l'objet désiré comme un état du sujet désirant; et, dans le sujet désirant, il est l'action qui porte vers l'objet désiré (volonté) ou la passion qui agite le sujet désirant (affect ou pathos).

Aussi, s'agiisant du manque comme affect du sujet désirant, il convient de distinguer dans le manque entre un moindre avoir (manque de...) et un manque à être (manque à...). Dire "tu me manques", est-ce alors dire que l'on regrette l'absence de l'objet de son désir ou que sans lui, le sujet désirant n'est plus tout à fait lui-même?
Dès lors, on pourra voir que le manque est ce mouvement du désir qui le porte vers autre chose que lui-même en vue de combler cette abscence. Le manque est le moteur de l'impulsion du désir. Notion d'incomplétude chez Platon. Par ailleurs, on pourra montrer que l'inertie du désir exige une certaine économie de la possession. Puisque désirer, c'est manquer de quelque chose, désirer, c'est vouloir posséder cette chose, mais la posseder, c'est ne plus la désirer. Concept de possession chez Sartre. Enfin, on pourra voir que la dynamique du désir exige que celui-ci se porte toujours vers autre chose que sa propre attente . Autrement dit, un objet désiré manque d'autant plus que rien en lui ne m'attire plus que le fait qu'il m'est interdit de le désirer. Notion d'obscénité chez Bataille.

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