Il est de ces choses étranges qu'elle réclame plus qu'une simple tolérance pour l'exotique pour arriver à les saisir et à les comprendre. Nous jugeons de proche en proche au point parfois d'oublier qu'il y a des ailleurs.
Il en va ainsi de l'érotisme grec. Pour qui "érotisme" est synonyme de sexualité et d'intimité, il peut paraître difficile de percevoir combien l'eros grec irradie toutes les dimensions de la vie humaine, y compris ses usages publics. Pour qui l'érotisme est affaire de convenance et de censure, il ne peut que paraître étrange combien même l'obscène est affaire de société. Aussi est-il incompréhensible pour nous que les Grecs condamne l'homosexualité mais tolère la pédérastie, qu'il sacralise le mariage mais justifie la prostitution et l'adultère, qu'il ritualise le rapt ou le viol mais honore les femmes dans le mariage.
Ce faisant, il convient de rendre à l'erôs grec toute sa polysémie. Plus proche de notre" amour" dans l'usage de notre langue, le mot erôs désigne autant les relations amoureuses qu'amicales, les relations intimes que sociales, les relations des hommes aux dieux que des hommes entre eux. Ce n'est qu'au titre d'un mésusage de la langue et une confusion des sources et des notions que l'on a parfois distinguer trois sortes de désir chez les Grecs, l'erôs (ou désir sexuel), la philia (ou amitié) et l'agapê (ou désir désintéressé). Pire, c'est voir des oppositions là où les Grecs n'ont de cesse de conjuguer ses différentes dimensions du désir.
Il en va de même de la distinction entre erôs et philia qui est moins une opposition dans la langue qu'un constant déplacement des usages. Ainsi, autant chez Aristote, la philia, c'est-à-dire le fait de désirer et d'être désiré en retour, contient toutes les dimensions du désir au point qu'erôs n'en est qu'une de ses espèces, autant chez Platon, c'est la dissymétrie entre l'amant et l'aimé qui fonde l'aspiration à désirer et à être désiré au point que la philia n'est qu'un espèce de l'eros. Moins qu'une opposition de thèses, il faut y voir le constant recoupement des différentes dimensions du désir.
Ce faisant, il convient de retrouver une part de cette variété des uages et des sens d'erôs pour éclairer peut-être la pauvreté de notre désir. Aussi, Platon, dans le Banquet 205b, fait remarquer par l'intermédiaire de Diotime combien toute la richesse de l'erôs se voit réduite à la seule désignation des relations de l'amant et de l'aimé en obligeant à user d'autres termes pour signifier le désir de l'argent, de la gloire ou du savoir. Est-ce dire alors qu'il n'y a de véritable philo-sophie que sous la forme d'une éro-sophie?
Il en va ainsi de l'érotisme grec. Pour qui "érotisme" est synonyme de sexualité et d'intimité, il peut paraître difficile de percevoir combien l'eros grec irradie toutes les dimensions de la vie humaine, y compris ses usages publics. Pour qui l'érotisme est affaire de convenance et de censure, il ne peut que paraître étrange combien même l'obscène est affaire de société. Aussi est-il incompréhensible pour nous que les Grecs condamne l'homosexualité mais tolère la pédérastie, qu'il sacralise le mariage mais justifie la prostitution et l'adultère, qu'il ritualise le rapt ou le viol mais honore les femmes dans le mariage.
Ce faisant, il convient de rendre à l'erôs grec toute sa polysémie. Plus proche de notre" amour" dans l'usage de notre langue, le mot erôs désigne autant les relations amoureuses qu'amicales, les relations intimes que sociales, les relations des hommes aux dieux que des hommes entre eux. Ce n'est qu'au titre d'un mésusage de la langue et une confusion des sources et des notions que l'on a parfois distinguer trois sortes de désir chez les Grecs, l'erôs (ou désir sexuel), la philia (ou amitié) et l'agapê (ou désir désintéressé). Pire, c'est voir des oppositions là où les Grecs n'ont de cesse de conjuguer ses différentes dimensions du désir.
Il en va de même de la distinction entre erôs et philia qui est moins une opposition dans la langue qu'un constant déplacement des usages. Ainsi, autant chez Aristote, la philia, c'est-à-dire le fait de désirer et d'être désiré en retour, contient toutes les dimensions du désir au point qu'erôs n'en est qu'une de ses espèces, autant chez Platon, c'est la dissymétrie entre l'amant et l'aimé qui fonde l'aspiration à désirer et à être désiré au point que la philia n'est qu'un espèce de l'eros. Moins qu'une opposition de thèses, il faut y voir le constant recoupement des différentes dimensions du désir.
Ce faisant, il convient de retrouver une part de cette variété des uages et des sens d'erôs pour éclairer peut-être la pauvreté de notre désir. Aussi, Platon, dans le Banquet 205b, fait remarquer par l'intermédiaire de Diotime combien toute la richesse de l'erôs se voit réduite à la seule désignation des relations de l'amant et de l'aimé en obligeant à user d'autres termes pour signifier le désir de l'argent, de la gloire ou du savoir. Est-ce dire alors qu'il n'y a de véritable philo-sophie que sous la forme d'une éro-sophie?
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