Le mythe d'Aristophane (192b-193e) a ainsi pour but de traduire ce désir archaïque qui ne cesse de nous travailler et nous pousse à désirer ce qui nous manque.
Ce désir archaïque se manifeste lorsque, par hasard, nous rencontrons cette moitié qui nous manque, nous éprouvons alors un "extraordinaire sentiment d'affection, d'apparentement et d'amour". Ces 3 sentiments distincts mettent en évidence la généalogie des êtres séxués: le trouble qui nous affecte est un rappel de la division opérée par Zeus et vaut comme mise au jour du manque qui nous traverse; l'apparentement nous révèle à nous-mêmes l'incomplétude qui est la nôtre; enfin, l'amour qui nous saisit est désormais cette volonté d'union avec ce qui nous manque. L'effet de l'incomplétude est donc de mettre au jour une détermination de notre désir jusque là inconnue.
Le désir d'union est ce qui travaille le désir tout en lui demeurant inconnu. Une certaine ambivalence dichotomie s'installe alors dans la dynamique du désir. L'insistance du mythe sur l'incapacité des êtres divisés à exprimer ce que veut leur désir souligne combien la volonté d'union des êtres divisés demeure incomplète tant que leurs désirs n'ont pas eux-mêmes exprimer un désir de fusion. Mais ce désir s'exprime déjà dans la volonté de jouir ensemble dans l'union des corps.
Ainsi faut-il distinguer entre le désir de fusion, finalité ultime du désir et l'union, recours possible du désir. Se superpose ainsi une dynamique principielle de désir comme volonté de fusion des êtres et un mécanisme dans le désir qui permet à chaque moitié de s'unir à l'autre. Mais l'union n'est que l'expédient de la fusion. Aussi, eros est un pharmokon, c'est-à-dire autant un remède qu'un poison: il permet l'union des corps en vue de la fusion des êtres, mais l'accomplissement des êtres peut trouver à se suffire dans la satisfaction des corps. Qui cherche l'accomplissement dans la fusion trouve à se satisfaire dans l'union des corps; qui jouit de l'union des corps peine à y voir l'accomplissement promis par la fusion.
Ce faisant, le mythe d'Aristophane ne nous présente pas seulement, au titre d'un récit explicatif, une détermination du désir comme manque, mais aussi une description du mécanisme qui ne cesse de se jouer du manque qui le travaille.
Cf. aussi le billet Outils pour le schéma du concept d'incomplétude.
Ce désir archaïque se manifeste lorsque, par hasard, nous rencontrons cette moitié qui nous manque, nous éprouvons alors un "extraordinaire sentiment d'affection, d'apparentement et d'amour". Ces 3 sentiments distincts mettent en évidence la généalogie des êtres séxués: le trouble qui nous affecte est un rappel de la division opérée par Zeus et vaut comme mise au jour du manque qui nous traverse; l'apparentement nous révèle à nous-mêmes l'incomplétude qui est la nôtre; enfin, l'amour qui nous saisit est désormais cette volonté d'union avec ce qui nous manque. L'effet de l'incomplétude est donc de mettre au jour une détermination de notre désir jusque là inconnue.
Le désir d'union est ce qui travaille le désir tout en lui demeurant inconnu. Une certaine ambivalence dichotomie s'installe alors dans la dynamique du désir. L'insistance du mythe sur l'incapacité des êtres divisés à exprimer ce que veut leur désir souligne combien la volonté d'union des êtres divisés demeure incomplète tant que leurs désirs n'ont pas eux-mêmes exprimer un désir de fusion. Mais ce désir s'exprime déjà dans la volonté de jouir ensemble dans l'union des corps.
Ainsi faut-il distinguer entre le désir de fusion, finalité ultime du désir et l'union, recours possible du désir. Se superpose ainsi une dynamique principielle de désir comme volonté de fusion des êtres et un mécanisme dans le désir qui permet à chaque moitié de s'unir à l'autre. Mais l'union n'est que l'expédient de la fusion. Aussi, eros est un pharmokon, c'est-à-dire autant un remède qu'un poison: il permet l'union des corps en vue de la fusion des êtres, mais l'accomplissement des êtres peut trouver à se suffire dans la satisfaction des corps. Qui cherche l'accomplissement dans la fusion trouve à se satisfaire dans l'union des corps; qui jouit de l'union des corps peine à y voir l'accomplissement promis par la fusion.
Ce faisant, le mythe d'Aristophane ne nous présente pas seulement, au titre d'un récit explicatif, une détermination du désir comme manque, mais aussi une description du mécanisme qui ne cesse de se jouer du manque qui le travaille.
Cf. aussi le billet Outils pour le schéma du concept d'incomplétude.
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