Lectures philosophantes

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vendredi 1 mai 2009

Synopsis du cours du 16/04/09 - L'inquiétude

Le lien entre désir et plaisir relève d'une fausse évidence: le plaisir comme finalité naturelle et spontanée du désir est une idée au moins simpliste, au pire vulgaire. Ainsi, Leibniz, dans ses Nouveaux essais sur l'entendement humain, met en lumière, grâce au concept d'inquiétude, combien le plaisir autant que la douleur sont les inclinations du désir.
Et en effet, c'est au titre d'une vision confuse des motifs de notre volonté quienous croyons désirer le plaisir sans voir que nous fuyons la douleur. Notre volonté est remplie d'une multiplicité de motifs (ou petites perceptions) qui travaillent notre désir sans que nous en apercevions la nature et l'influence. Ces perceptions non aperçues sont autant de déterminations de notre désir. Ainsi du bruit d'une chute d'eau dans notre voisinage: par habitude, nous n'y faisons plus attention, bien que nous entendions encore son bruit et en subissions l'influence. Le monde est plein de bruit qui nous agitent sans retenir pourtant notre attention. Confuse, notre perception des choses n'entend pas cette clarté et cette richesse du monde.



Il faut pourtant bien que ces petites perceptions agissent quand bien même elles échappent à notre attention. Ce faisant, c'est non pas au titre d'un motif de la volonté que notre désir s'oriente vers tel ou tel objet, mais du fait d'une certaine inquiétude, c'est-à-dire du fait de cet ensemble de perceptions insensibles, plaisantes et/ou douloureuses qui oriente notre choix. Nous sommes déterminés à vouloir le plaisir parce que nous ne voyons pas la part de douleur qui nous pousse à le désirer. Loin d'être des motifs de la volonté, plaisir et douleur en sont donc les inclinations.

Aussi, désirer, c'est s'inquiéter de son plaisir, c'est-à-dire vouloir confusément ce qui nous plaît sans apercevoir ce qui nous trouble. Comme la faim est la douleur qui oriente notre plaisir de manger, la multiplicité des aiguillons de notre désir inquiéte notre volonté et construit ses motifs. Désirer, c'est s'inquiéter, c'est-à-dire se mettre dans le meileur état possible, poursuivre le plus agréable mais sans que ne cesse confusément de travaillr les multiples aiguillons du désir.

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