Lectures philosophantes

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mardi 24 novembre 2009

Synopsis du cours du 19/11/09 - Eros entremetteur, Platon 2/2

Ainsi, le désir est cet entre-deux dont toute la dynamique est d'entremettre 2 êtres ou 2 choses, de faire être cette relation comme une puissance toujours en jeu, de faire de cette puissance le vecteur du beau et du bien, puissance qui, atteignant son plus haut degré d'expression, produit un être en excès (enfant ou oeuvre).

Ce faisant, la dernière partie du discours de Diotime dans le Banquet de Platon doit se lire à l'aune de cette définition du désir. C'est à trop oublier qu'il s'agit ici de désir que l'on fait de ce texte le paragon d'une dialectique ascendante et le creuset d'un amour platonique qui n'a de spirituel que le nom. Ainsi, l'ascension évoquées par Diotime des beautés sensibles vers le Beau intelligible est encore et toujours l'oeuvre d'un désir qui fait l'entremetteur entre le sensible et l'intelligible. Ce faisant, le lien entre le sensible et l'intelligible relève moins d'une hiérarchie que d'une dynamique qui ne cesse de mettre en relation le sensible et l'intelligible. Il n'y a donc autant ascension vers l'intelligible que descente vers le sensible.
Dès lors, le Beau en soi est certes l'achèvement de l'attirance érotique en tant que celle-ci fait entrevoir l'unité des motifs du désir et la pleine puissance de son expression. Mais il ne saurait y avoir de désir qui ne trouve d'abord à s'exprimer dans la beauté des corps. . Mais la simple jouissance des beautés sensibles vaut autant que la contemplation de la beauté intelligible en tant que toutes deux sont l'entremise du sensible et de l'intelligible. La différence de valeur n'est ici qu'en terme de puissance d'être et de production. L'ascension qui procède des beautés sensibles vers le Beau en soi est la traduction des degrés de puissance du désir, le plus haut degré de l'échelle, c'est-à-dire la plus forte puissance d'expression du désir. Autrement dit, il faut jouir des corps pour entrevoir la beauté elle-même de même que l'on ne saurait jouir de la beauté elle-même sans voir qu'elle est déjà dans les corps.

Ainsi, le désir est une puissance en tant qu' :
  1. il est la faculté à produire un relation; comme entremetteur, il fait être la relation entre 2 êtres ou 2 choses et évalue la valeur de cette relation à l'aune de ce qu'elle produit.
  2. il est une force, un pouvoir d'action; entremetteur, le désir met ensemble et cette relation oriente vers quelque chose de supérieur (aspiration) et produit quelque chose en excès (enfantement ou création).
  3. il est une figure plus qu'un concept ou une idée; comme expression d'une puissance, le désir n'est pas une idée que l'on possède, mais quelque chose qui nous possède et qui nous fait être.

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