Lectures philosophantes

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mardi 3 novembre 2009

Synopsis du cours du 22/10/09: Désir en puissance 2/2

Si désirer, c'est affirmer quelque chose en propre, il convient de remarquer combien le désir est une puissance relative. Puisque le désir est toujours en puissance, il n'y a d'expérience pleine et entière du désir que pour le sujet désirant capable d'exprimer cette puissance; à défaut d'une vitalité du désir qui nous est propre, celui-ci n'est qu'en tant que manque, c'est-à-dire avant tout en manque de lui-même. Aussi, autant "tu m'as manqué(e)!" peut être la pire des déclarations d'amour, autant "je te désire" peut en être la plus probante.

A ce titre, on pourra, dans une seconde partie du cours, développer la figure d'un Eros démon, à la fois facétieux, séducteur et schyzo. Car, si le désir est épars (cours 1/4), si le désir, comme manque, est désir manqué (cours 2/4), alors le désir n'est ni un être, ni une chose, mais l'expression de ce qui circule entre les êtres ou les choses. Le désir est un entre-deux, un intermédiaire (Platon), un flux, un potentiel (Deleuze-Guattari). Dire "je t'aime" n'est jamais vraiment l'affirmation de quelque chose sur l'objet de son amour, mais l'expression d'une rencontre avec cet objet. Ce faisant, exprimer un désir, c'est produire celui-ci dans le réel, c'est-à-dire inscrire cette force dans un rapport avec des êtres ou des choses. On pourra voir combien le concept de machine désirante chez Deleuze-Guattari rend compte de ce processus qu'est le désir. On ne désire jamais telle chose, on ne fait que désirer un certain rapport entre les choses ou les êtres.
Ce faisant, la valeur du désir n'est jamais relative à la valeur de son objet, mais à la vitalité de ce désir. Le désir produit quelque chose qui lui est propre, rend sensible la manifestation d'un rapport entre les choses et les êtres qui ne se réfèrent. PIl n'y a d'autres normes du désir que la puissance du désir lui-même. Aussi, puisque désirer, c'est produire quelque chose, on pourra voir en quoi ce produit est toujours en excès: il est une dépense improductive (G. Bataille), c'est-à-dire sans autre valeur qu'elle-même. Le désir ne se marchande pas, car il n'a de valeur que pour ceux qui désirent.
Enfin, il faudra montrer combien l'ambiguité du désir fait toute sa fantaisie. A mi-chemin entre approche et toucher, entre délicatesse et brutalité, entre instantanéité et durée, le désir est séduction. Entre la figure du séducteur et celle de l'époux (S. Kierkegaard), le désir est ce qui se fraye un chemin dans l'incertitude. Désirer, c'est faire preuve d'un trésor d'imagination, car il n'y a pas de désir qui puisse faire l'économie de sa vitalité.


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