Lectures philosophantes
mercredi 26 mars 2008
vendredi 21 mars 2008
Synopsis du cours du 20/03/08 - I/1/d/ Pulsion - la psychanalyse et la question du désir
Quel que soit le crédit scientifique que l'on accorde à la psychanalyse, force est de constater la prégnance du vocable de la psychanalyse dans tout traitement de la question du désir: inconscient, symptôme, fantasme, névrose, pulsion...etc sont autant de mots qui disent quelque chose du désir aujourd'hui.
Ainsi, la psychanalyse est A/ une méthode d'investigation qui permet de mettre en évidence la signification des paroles, actions ou productions imaginaires d'un sujet, B/ une méthode psychothérapeutique fondée sur l'investigation précédente et C/ l'ensemble des théories systématisant les données récoltées par A/ et B/. La psychanalyse nous renseigne que l'expérience du désir
- est toujours seconde tant elle nécessite la mise au jour des significations du désir;
- est toujours l'objet d'un travail tant elle suppose que le sujet désirant, prenant acte de la fausse unité de ses désirs, accède à la multiplicité des signifiants de son désir pour en décrypter la sourde unité pulsionnelle;
- est l'expérience d'une décomposition tant elle est le constat qu'en matière de désir, il y a de l'altérité en soi.
L'expérience du désir dans et par la psychananlyse est alors un travail qui vise à amener à la conscience du sujet désirant le psychique refoulé en lui. Dès lors, par ce travail, c'est faire du désir l'objet d'une dynamique (sujet désirant/psychanalyste) susceptible de révéler la véritable nature du désir tout autant que mettre en lumière le mécanisme de l'appareil psychique lui-même.
Aussi, le psychique devient-il ce lieu où se révèle des fragments d'une unité perdue comme les ruines d'un monument à jamais disparu. Les topiques freudiennes sont ces unités fictives du sujet désirant qui deviennent système théorique mais où le système n'est que la représentation imaginée d'un mécanisme qui ne se révèle à chacun que dans la dynamique de la cure psychanalytique.
On peut alors affirmer que c'est là prendre acte que l'expérience du désir est un désastre (sens étymologique de désir = regretter l'absence d'un astre), c'est-à-dire une expérience nécessairement déceptive, du même ordre que la vexation psychologique auquel oblige la psychanalyse. Car le désir est pris dans les rets d'un mécanisme qui ne révèle sa portée et sa fonction que dans une dynamique. Autrement dit, , le sujet désirant découvre par la psychanalyse combien il y a de l'étranger en lui, c'est-à-dire autant de l'altérité que de l'incongru. Par la psychanalyse, le sujet désirant se décompose en autant de parcelles de sens qui se révèlent à sa pensée ou se rappellent à sa conscience. Par là, le sujet désirant est désaisi de lui-même comme de toute prétention à la maîtrise de soi.
La psychanalyse, quelque soit la portée de ses théories, oblige à prendre acte du fait que mon désir n'est pas à moi, mais passe seulement à travers moi.
Ainsi, la psychanalyse est A/ une méthode d'investigation qui permet de mettre en évidence la signification des paroles, actions ou productions imaginaires d'un sujet, B/ une méthode psychothérapeutique fondée sur l'investigation précédente et C/ l'ensemble des théories systématisant les données récoltées par A/ et B/. La psychanalyse nous renseigne que l'expérience du désir
- est toujours seconde tant elle nécessite la mise au jour des significations du désir;
- est toujours l'objet d'un travail tant elle suppose que le sujet désirant, prenant acte de la fausse unité de ses désirs, accède à la multiplicité des signifiants de son désir pour en décrypter la sourde unité pulsionnelle;
- est l'expérience d'une décomposition tant elle est le constat qu'en matière de désir, il y a de l'altérité en soi.
L'expérience du désir dans et par la psychananlyse est alors un travail qui vise à amener à la conscience du sujet désirant le psychique refoulé en lui. Dès lors, par ce travail, c'est faire du désir l'objet d'une dynamique (sujet désirant/psychanalyste) susceptible de révéler la véritable nature du désir tout autant que mettre en lumière le mécanisme de l'appareil psychique lui-même.
Aussi, le psychique devient-il ce lieu où se révèle des fragments d'une unité perdue comme les ruines d'un monument à jamais disparu. Les topiques freudiennes sont ces unités fictives du sujet désirant qui deviennent système théorique mais où le système n'est que la représentation imaginée d'un mécanisme qui ne se révèle à chacun que dans la dynamique de la cure psychanalytique.
On peut alors affirmer que c'est là prendre acte que l'expérience du désir est un désastre (sens étymologique de désir = regretter l'absence d'un astre), c'est-à-dire une expérience nécessairement déceptive, du même ordre que la vexation psychologique auquel oblige la psychanalyse. Car le désir est pris dans les rets d'un mécanisme qui ne révèle sa portée et sa fonction que dans une dynamique. Autrement dit, , le sujet désirant découvre par la psychanalyse combien il y a de l'étranger en lui, c'est-à-dire autant de l'altérité que de l'incongru. Par la psychanalyse, le sujet désirant se décompose en autant de parcelles de sens qui se révèlent à sa pensée ou se rappellent à sa conscience. Par là, le sujet désirant est désaisi de lui-même comme de toute prétention à la maîtrise de soi.
La psychanalyse, quelque soit la portée de ses théories, oblige à prendre acte du fait que mon désir n'est pas à moi, mais passe seulement à travers moi.
lundi 17 mars 2008
Bibliographie - la concupiscence
Oeuvres:
Thomas d'Aquin, Somme théologique, Questions 22-30, txt bilingue, trad° Corvez, éd° Desclée et Cie, 1949
Augustin, Les Confessions, trad° Trabucco, éd° GF, 1964
Augustin, Les Aveux, trad° Boyer, éd° P.O.L., 2008
Pascal, Pensées, txt établi par Lafuma, éd° Points Seuil, 1962
Commentaires:
Dictionnaire de la spiritualité ascétique et mystique, (sous la dir° de ) Viller, Derville, Lamarche et Solignac, éd° Beauchenes, 1937-1995
A. Rouselle, Porneia, De la maîtrise du corps à la privation sensorielle, éd° PUF, 1983
P. Brown, Le renoncement à la chair, Virginité, célibat et continence dan le christianisme primitif, éd° NRF, Gallimard, 1995
A. Forest, Pascal ou l'intériorité révélante, éd° Seghers, 1971
P. Sellier, Pascal et Saint Augustin, éd° Albin Michel, 1970
Thomas d'Aquin, Somme théologique, Questions 22-30, txt bilingue, trad° Corvez, éd° Desclée et Cie, 1949
Augustin, Les Confessions, trad° Trabucco, éd° GF, 1964
Augustin, Les Aveux, trad° Boyer, éd° P.O.L., 2008
Pascal, Pensées, txt établi par Lafuma, éd° Points Seuil, 1962
Commentaires:
Dictionnaire de la spiritualité ascétique et mystique, (sous la dir° de ) Viller, Derville, Lamarche et Solignac, éd° Beauchenes, 1937-1995
A. Rouselle, Porneia, De la maîtrise du corps à la privation sensorielle, éd° PUF, 1983
P. Brown, Le renoncement à la chair, Virginité, célibat et continence dan le christianisme primitif, éd° NRF, Gallimard, 1995
A. Forest, Pascal ou l'intériorité révélante, éd° Seghers, 1971
P. Sellier, Pascal et Saint Augustin, éd° Albin Michel, 1970
dimanche 16 mars 2008
Synopsis du cours du 13/03/08 - libido sentiendi, libido sciendi, libido dominandi
La concupiscence comporte 3 espèces: la volupté (libido sentiendi), la curiosité (libido sciendi) et l'orgueil (libido dominandi) (Txt 1 et 2). L'ordre de ces 3 espèces reprendpeu ou prou la logique du récit de la Génèse: le serpent dit à Eve "le jour où vous mangerez du fruit (volupté), vos yeux s'ouvriront, vous connaitrez le bien et le mal (curiosité) et vous serez comme des dieux (orgueil)."
Dès lors, la concupiscence est une forme particulièrement tenace de l'amour de soi. Ainsi de la volupté comme ce qui flatte nos sens et assure la satisfaction de notre corps. Elle est, selon (Saint-)Augustin, une source d'illusion et de confusion tant les plaisirs du corps captent l'attention de celui-ci. Aussi, là où le désir porte vers autre chose que soi-même, le plaisir enferme en soi-même tant on n'est jamais comptable que de sa propre jouissance.
C'est à Pascal qu'il revient de mettre en scène cette enfermement misérable du moi dans sa propre satisfaction. (Txt 4)
Le moi en devient haïssable tant il n'a de satisfaction que pour lui-même au point d'incommoder ses semblables et d'entrer en conflit avec eux. C'est là tout l'égocentrisme du plaisir qui n'a de cesse de détourner le désir de sa finalité . Même lorsque l'enfermement du plaisir dans sa seule satisfaction risque de lui révéler combien son petit monde sent le renfermé, le divertissement est là pour l'aider à s'oublier soi-même un instant pour mieux se morfondre encore en soi-même.
(Txt 3) Ainsi du rôle de l'amour comme mécanisme d'apparition du Moi et révélateur de son inanité. (Ex1) Perdu dans l'affirmation vaniteuse de soi-même, il ne connait que la satisfaction de se savoir aimé. Il en va de même du plaisir dès lors qu'il n'a que le souci de soi-même, il n'a de désir que pour ce qui est susceptible de lui apporter satisfaction pour lui-même. (Ex2) Dès lors, même l'attachement à la beauté d'un(e) autre n'est qu'amour de soi, car il n'est qu'une qualité périssable qui ne sert qu'à son propre plaisir.
La concupiscence est alors cette forme de cupidité divertissante où les vertiges du plaisir n'ont d'autres considérations que soi-même et où autrui n'est qu'un objet de son plaisir. La concupiscence est cette complaisance du sujet désirant qui s'enferme dans sa seule satisfaction.
La concupiscence est alors cet oubli du désir tant ce mouvement qui porte vers ce qui est autre que soi-même est corrompu par l'enfermement dans sa seule satisfaction. Elle est le souci de ses voluptés qu'un peu de curiosité pour les autres formes de satisfaction n'est encore qu'une expression de son égoïsme.
La concupiscence est le plaisir qui se fait roi alors qu'il n'est que le compagnon d'un désir qui le dépasse.
mercredi 12 mars 2008
mardi 11 mars 2008
Outils - la concupiscence
Au-delà de sa simple valeur patrimoniale, un concept vaut en tant qu'outil.
Plus que connaître l'histoire de tel ou tel concept, il convient d'apprendre à se servir d'un concept comme instrument de sa propre pensée.
La concupiscence est ce plaisir ardent qui trouble le sujet désirant, trouble qui emporte l'âme et corrompt la pureté du désir. Dépoussiéré de ses lourdeurs chrétiennes, le concept de concupiscence oblige à distinguer entre désir et plaisir. Ainsi de la différence entre l'amour et la cupidité chez Thomas d'Aquin. La cupidité est la réalisation d'un désir qui se corrompt en plaisir là où le désir garde toute sa vivacité par son absence de réalisation. La cupidité est le désir d'un plaisir là où l'amour est le désir de l'autre dont le plaisir est la récompense. C'est là toute l'ambiguité d'une phrase pleine de promesses comme"je te veux": est-ce dire "je te désire toi" ou "j'ai besoin de toi pour satisfaire mes plaisirs"?
Aussi le sujet désirant est-il une âme et un corps, la première désirant un bien lorsque le second n'a que le souci de l'agréable. Or, là où le désir entretient une tension toujours vive entre le sujet désirant et l'objet de son désir, le plaisir quant à lui n'aspire qu'à une réalisation rapide de sa jouissance.
La concupiscence dit alors la transformation du désir en un plaisir, c'est-à-dire d'une dynamique en un produit, d'un flux en un rebus, d'une force en un reste.
L'expérience du désir est ainsi faite que, post coïtum, les amants découvrent que le plaisir est la mort du désir.
La concupiscence est ce plaisir ardent qui trouble le sujet désirant, trouble qui emporte l'âme et corrompt la pureté du désir. Dépoussiéré de ses lourdeurs chrétiennes, le concept de concupiscence oblige à distinguer entre désir et plaisir. Ainsi de la différence entre l'amour et la cupidité chez Thomas d'Aquin. La cupidité est la réalisation d'un désir qui se corrompt en plaisir là où le désir garde toute sa vivacité par son absence de réalisation. La cupidité est le désir d'un plaisir là où l'amour est le désir de l'autre dont le plaisir est la récompense. C'est là toute l'ambiguité d'une phrase pleine de promesses comme"je te veux": est-ce dire "je te désire toi" ou "j'ai besoin de toi pour satisfaire mes plaisirs"?
Aussi le sujet désirant est-il une âme et un corps, la première désirant un bien lorsque le second n'a que le souci de l'agréable. Or, là où le désir entretient une tension toujours vive entre le sujet désirant et l'objet de son désir, le plaisir quant à lui n'aspire qu'à une réalisation rapide de sa jouissance.
La concupiscence dit alors la transformation du désir en un plaisir, c'est-à-dire d'une dynamique en un produit, d'un flux en un rebus, d'une force en un reste.
L'expérience du désir est ainsi faite que, post coïtum, les amants découvrent que le plaisir est la mort du désir.
samedi 8 mars 2008
Synopsis du cours du 06/03/08 - I/ 1/ c/ La concupiscence
La concupiscence, terme appartenant au vocabulaire de la théologie chrétienne, est le désir ardent des biens terrestres. Désir du sensible qui ne trouve satisfaction que par le sensible, la concupiscence a pour cause la chair, principe permanent de discorde venant corrompre la pureté de l'âme.
Ainsi du Pêché originel selon (Saint-) Augustin: Adam et Eve en découvrant leur nudité et la pudeur à laquelle elle les oblige, se découvre comme corps ayant des désirs indépendamment de leur volonté. Le sujet désirant découvre ainsi que les attentes de son corps peuvent dépasser l'expression de sa volonté. Mais ce que le corps demande, il revient à l'âme de l'autoriser ou de l'interdire. Plein de besoins, l'homme n'en demeure pas moins un être libre de vouloir le bien.
Mais la concupiscence est plus que les seuls désirs irrascibles du corps. Le désir est, suivant Thomas d'Aquin, une puissance de l'âme aspirant à un bien intelligible (âme) ou un bien sensible (âme + corps). Or, l'âme se doit, par sa nature, de désirer un bien et non une chose agréable. La concupiscence est dès lors le désir de ce qui plaît au sens et la complaisance d'une âme qui se laisse emporter par les plaisirs du corps.
Ainsi le désir doit-il se distinguer du plaisir: là où le désir est une force qui tend vers un objet absent, le plaisir est la jouissance d'un bien présent. Aussi y a-t-il moins de gloire à un désir toujours animé par l'absence du bien auquel il aspire et le plaisir, jouissance qui ne fait que passer, laissant le jouisseur comme un animal triste.
Ainsi du Pêché originel selon (Saint-) Augustin: Adam et Eve en découvrant leur nudité et la pudeur à laquelle elle les oblige, se découvre comme corps ayant des désirs indépendamment de leur volonté. Le sujet désirant découvre ainsi que les attentes de son corps peuvent dépasser l'expression de sa volonté. Mais ce que le corps demande, il revient à l'âme de l'autoriser ou de l'interdire. Plein de besoins, l'homme n'en demeure pas moins un être libre de vouloir le bien.
Mais la concupiscence est plus que les seuls désirs irrascibles du corps. Le désir est, suivant Thomas d'Aquin, une puissance de l'âme aspirant à un bien intelligible (âme) ou un bien sensible (âme + corps). Or, l'âme se doit, par sa nature, de désirer un bien et non une chose agréable. La concupiscence est dès lors le désir de ce qui plaît au sens et la complaisance d'une âme qui se laisse emporter par les plaisirs du corps.
Ainsi le désir doit-il se distinguer du plaisir: là où le désir est une force qui tend vers un objet absent, le plaisir est la jouissance d'un bien présent. Aussi y a-t-il moins de gloire à un désir toujours animé par l'absence du bien auquel il aspire et le plaisir, jouissance qui ne fait que passer, laissant le jouisseur comme un animal triste.
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