Lectures philosophantes

Lectures philosophantes

mardi 11 mars 2008

Outils - la concupiscence



Au-delà de sa simple valeur patrimoniale, un concept vaut en tant qu'outil.
Plus que connaître l'histoire de tel ou tel concept, il convient d'apprendre à se servir d'un concept comme instrument de sa propre pensée.

La concupiscence est ce plaisir ardent qui trouble le sujet désirant, trouble qui emporte l'âme et corrompt la pureté du désir. Dépoussiéré de ses lourdeurs chrétiennes, le concept de concupiscence oblige à distinguer entre désir et plaisir. Ainsi de la différence entre l'amour et la cupidité chez Thomas d'Aquin. La cupidité est la réalisation d'un désir qui se corrompt en plaisir là où le désir garde toute sa vivacité par son absence de réalisation. La cupidité est le désir d'un plaisir là où l'amour est le désir de l'autre dont le plaisir est la récompense. C'est là toute l'ambiguité d'une phrase pleine de promesses comme"je te veux": est-ce dire "je te désire toi" ou "j'ai besoin de toi pour satisfaire mes plaisirs"?
Aussi le sujet désirant est-il une âme et un corps, la première désirant un bien lorsque le second n'a que le souci de l'agréable. Or, là où le désir entretient une tension toujours vive entre le sujet désirant et l'objet de son désir, le plaisir quant à lui n'aspire qu'à une réalisation rapide de sa jouissance.
La concupiscence dit alors la transformation du désir en un plaisir, c'est-à-dire d'une dynamique en un produit, d'un flux en un rebus, d'une force en un reste.
L'expérience du désir est ainsi faite que, post coïtum, les amants découvrent que le plaisir est la mort du désir.

Aucun commentaire: