A définir le désir comme la conscience d'une tendance qui porte à vouloir tel ou tel objet réel ou imaginé, le manque n'y est pas que l'effet d'un affect mais aussi une opération de l'esprit qui porte vers ce qui nous manque. Le manque est donc autant l'émotion qui n'a de cesse de troubler le sujet désirant mais aussi l'effort et la conscience de cet effort qui porte vers l'objet du manque.
Ce faisant , le manque est volonté, c'est-à-dire la faculté de désirer un objet réel ou imaginé où le manque intervient comme détermination de l'objet de la volonté autant que comme effort vers l'objet de la volonté. Aussi, dire "je te veux" peut être l'effet d'un manque à avoir (je te veux, toi parmi d'autres car je ne t'ai pas encore) ou l'effet d'un manque à être (je te veux toi car, sans toi, je ne suis pas tout à fait moi).
La définition du désir comme manque au titre de la volonté est donc marquée d'ambivalence. C'est là tenter de retrouver une part de cette ambiguité que contenait initialement la notion dans son usage grec.
Aussi, la volonté est-elle à la fois un certain état de l'âme, lié à la représentation de l'objet désiré, état qui porte vers cet objet. Autrement dit, la volonté est cette faculté toujours circonstancielle à vouloir une chose dans un contexte particulier, et une aspiration tantôt active, tantôt passive, selon la nature de la détermination de l'objet désiré.
Qu'est-ce alors que désirer? est-ce vouloir ou s'émouvoir? Est-ce conquérir ou ne pouvoir résister? Est-ce la force de tendre vers quelque chose ou la faiblesse de céder à un manque?
Il revient à Nietzsche d'avoir réintroduit, dans la notion moderne de volonté, une part de cette complexité perdue. Cf. txt. Par delà le bien et le mal, §19
Ainsi en va-t-il du désir comme de la volonté comme mouvement passionnel où le sujet est autant voulant que voulu. A penser le désir comme manque, désirer est autant voulu (ce que je désire) que subi (ce qui me pousse à désirer), autant action que passion.
Toute l'ambivalence du désir tient donc en ce que le manque est à la fois vecteur et moteur du désir. Il est ce qui excite le désir, c'est-à-dire ce qui commande son effort, comme ce qui soumet cet effort au manque. A ce titre, on pourra voir avec le concept d'inquiétude chez Leibniz combien le manque est l'aiguillon du désir: le désir est ce je-ne-sais-quoi qui me pousse et m'attire vers les objets de ma volonté.
Par ailleurs, comme l'indique Nietzsche, toute la singularité de la volonté tient dans cette ambivalence: vouloir, c'est croire commander à cette faculté qui ne fait qu'obéir aux objets de la volonté. Il en va de même du désir comme manque: le manque est autant cette activité qui motive le désir que cette passion qui l'attire vers l'objet désiré. A ce titre, on pourra montrer avec le concept de vouloir-vivre chez Schopenhauer combien le désir est, par le manque, soumis à sa propre nécessité.
Enfin, c'est au titre d'un mouvement passionnel que nous traduirons la définition du désir comme manque. Car en effet, la passion est autant passivité (émotion) qu'activité (agitation) et souffrance (épreuve). Ce faisant, le manque est la passion du désir, c'est-à-dire cette inquiétude qui ne cesse de soumettre l'expérience du désir à sa propre ambivalence. A ce titre, on pourra montrer combien l'usage que fait Descartes du concept de passion est de nature à forger une définition du désir comme manque où le manque n'apparaît pas comme l'essence même du désir mais comme un certain état du désir.
Ce faisant , le manque est volonté, c'est-à-dire la faculté de désirer un objet réel ou imaginé où le manque intervient comme détermination de l'objet de la volonté autant que comme effort vers l'objet de la volonté. Aussi, dire "je te veux" peut être l'effet d'un manque à avoir (je te veux, toi parmi d'autres car je ne t'ai pas encore) ou l'effet d'un manque à être (je te veux toi car, sans toi, je ne suis pas tout à fait moi).
La définition du désir comme manque au titre de la volonté est donc marquée d'ambivalence. C'est là tenter de retrouver une part de cette ambiguité que contenait initialement la notion dans son usage grec.
Aussi, la volonté est-elle à la fois un certain état de l'âme, lié à la représentation de l'objet désiré, état qui porte vers cet objet. Autrement dit, la volonté est cette faculté toujours circonstancielle à vouloir une chose dans un contexte particulier, et une aspiration tantôt active, tantôt passive, selon la nature de la détermination de l'objet désiré.
Qu'est-ce alors que désirer? est-ce vouloir ou s'émouvoir? Est-ce conquérir ou ne pouvoir résister? Est-ce la force de tendre vers quelque chose ou la faiblesse de céder à un manque?
Il revient à Nietzsche d'avoir réintroduit, dans la notion moderne de volonté, une part de cette complexité perdue. Cf. txt. Par delà le bien et le mal, §19
Ainsi en va-t-il du désir comme de la volonté comme mouvement passionnel où le sujet est autant voulant que voulu. A penser le désir comme manque, désirer est autant voulu (ce que je désire) que subi (ce qui me pousse à désirer), autant action que passion.
Toute l'ambivalence du désir tient donc en ce que le manque est à la fois vecteur et moteur du désir. Il est ce qui excite le désir, c'est-à-dire ce qui commande son effort, comme ce qui soumet cet effort au manque. A ce titre, on pourra voir avec le concept d'inquiétude chez Leibniz combien le manque est l'aiguillon du désir: le désir est ce je-ne-sais-quoi qui me pousse et m'attire vers les objets de ma volonté.
Par ailleurs, comme l'indique Nietzsche, toute la singularité de la volonté tient dans cette ambivalence: vouloir, c'est croire commander à cette faculté qui ne fait qu'obéir aux objets de la volonté. Il en va de même du désir comme manque: le manque est autant cette activité qui motive le désir que cette passion qui l'attire vers l'objet désiré. A ce titre, on pourra montrer avec le concept de vouloir-vivre chez Schopenhauer combien le désir est, par le manque, soumis à sa propre nécessité.
Enfin, c'est au titre d'un mouvement passionnel que nous traduirons la définition du désir comme manque. Car en effet, la passion est autant passivité (émotion) qu'activité (agitation) et souffrance (épreuve). Ce faisant, le manque est la passion du désir, c'est-à-dire cette inquiétude qui ne cesse de soumettre l'expérience du désir à sa propre ambivalence. A ce titre, on pourra montrer combien l'usage que fait Descartes du concept de passion est de nature à forger une définition du désir comme manque où le manque n'apparaît pas comme l'essence même du désir mais comme un certain état du désir.
1 commentaire:
C'est génial de pourvoir accéder à vos cours via internet. Merci pour vos efforts Mr Grégoire
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