L'érotisme est, chez Bataille, l'expérience intérieure proprement ambivalente où se mêle désir et horreur et où se révèle un vertige inhérent à la condition humaine. Au titre de ce paradoxe, Bataille a pu définir l'érotisme comme "l'approbation de la vie jusque dans la mort." Une telle tension paradoxale prend sens dès lors qu'on l'inscrit dans le registre de la redéfinition par Bataille de l'obscénité. En effet, l'obscénité n'est pas simplement un jugement moral sur ce qui excède la moralité, mais désigne plus précisément le processus même de transgression d'une limite. Aussi, l'obscénité met en évidence à la fois le dépassement d'une frontière et la frontière elle-même. Ce faisant, la dynamique de la transgression est morale en elle-même en tant que transgresser un interdit, c'est en même temps affirmer la réalité de cet interdit. Rien n'est moins obscène que l'obscénité elle-même tant elle peut servir de révélateur à la moralité.
C'est à partir de cette tension paradoxale voulue et affirmée par G. Bataille que l'on peut interpréter le rôle de la transgression tant dans la vie, le corps que le coeur.
Au coeur même du vivant, cette tension paradoxale est l'expérience d'un trouble élémentaire qui saisit chaque individu, en tant que son vécu singulier, lui révèle l'écart vertigineux entre la discontinuité de sa vie et la continuité du vivant. On se sait mortel tandis que la vie continue. Aussi, le vécu est nostalgique, c'est-à-dire est le désir angoissé d'une durée qui se sait périssable bien qu'ancrée dans le mouvement continuel de la vie elle-même: chacun est "une vague perdue dans la multiplicité des vagues" prise dans le courant de la mer (cf rôle de cette image dans l'intro° de L'érotisme.). Le vivant transgresse le vécu en tant que la limite même de la mort individuelle ne rompt pas la continuité du vivant lui-même. Toute l'obscénité de la vie tient en ce que chacun, dans son vécu, expérimente la dissolution de sa singularité dans le courant de la vie.
L'érotisme des corps participe de cette même dissolution relative des sujets désirants dans l'activité érotique. Ainsi celle-ci est-elle la mise en oeuvre d'un processus de décomposition de son être: du quant à soi où se cantonne le sujet seul sans autre désir que lui-même, l'être du sujet désirant s'ouvre à l'autre dans la vie à deux, puis, altère son être, selon le degré d'approfondissement de cette activité érotique, en vie l'un pour l'autre, fusion des être ou passion destructrice. "L'érotisme des corps est la violation de l'être des partenaires." (cf. p. 21 à 25 du tome X des OC, G. Bataille, éd° Gallimard); autrement dit, l'activité érotique consiste en une destruction relative de son être dans l'instant qui nous expose à l'autre. Bataille, dans son analyse de la nudité (pages citées plus haut) comme de l'étreinte (cf. Histoire de l'érotisme, p. 97 à 100 du tome VIII des OC, éd° Gallimard), met en évidence l'obscénité de l'activité érotique en tant qu'elle nous met à nu pour mieux confondre l'autre, qu'elle fait fusionner les êtres pour mieux les laisser las d'eux-mêmes. Aussi, l'étreinte érotique est une transgression en tant qu'elle est cette violence entre amants consistant à se mettre cul par dessus tête.
Or, autant l'érotisme des corps a quelque chose de pesant, autant l'érotisme du coeur paraît plus nonchalant. Il est pourtant tout autant "la substitution d'une continuité merveilleuse entre deux êtres à leur discontinuité persistante" , c'est-à-dire le trouble d'être attaché à l'autre sans la certitude d'y être joint pour l'éternité. Il est donc le sentiment d'une continuité sur fond d'une discontinuité. Il est le plaisir d'être à deux tant que chacun ne fait pas cavalier seul. Aussi "l'union des amant est l'effet des passions, elle appelle la mort, le désir de meurtre ou de suicide." Derrière l'écriture souvent perçue comme excessive mais ô combien juste dans son caractère transgressif, il faut comprendre que la conquête à deux d'une certaine continuité ne peut se faire que sur le mode individuel, c'est-à-dire discontinu, de l'appropriation de l'autre. Voulant éteindre en lui les douleurs de la passion, l'amant se fait criminel. Rien de plus odieux que les amours heureux, car, on ne peut s'assurer du désir de l'autre qu'en le menant à sa perte.
Ce faisant, l'érotisme n'est qu'une possibilité précaire dont la seule vérité est qu'il tient d'un odieux miracle.
C'est à partir de cette tension paradoxale voulue et affirmée par G. Bataille que l'on peut interpréter le rôle de la transgression tant dans la vie, le corps que le coeur.
Au coeur même du vivant, cette tension paradoxale est l'expérience d'un trouble élémentaire qui saisit chaque individu, en tant que son vécu singulier, lui révèle l'écart vertigineux entre la discontinuité de sa vie et la continuité du vivant. On se sait mortel tandis que la vie continue. Aussi, le vécu est nostalgique, c'est-à-dire est le désir angoissé d'une durée qui se sait périssable bien qu'ancrée dans le mouvement continuel de la vie elle-même: chacun est "une vague perdue dans la multiplicité des vagues" prise dans le courant de la mer (cf rôle de cette image dans l'intro° de L'érotisme.). Le vivant transgresse le vécu en tant que la limite même de la mort individuelle ne rompt pas la continuité du vivant lui-même. Toute l'obscénité de la vie tient en ce que chacun, dans son vécu, expérimente la dissolution de sa singularité dans le courant de la vie.
L'érotisme des corps participe de cette même dissolution relative des sujets désirants dans l'activité érotique. Ainsi celle-ci est-elle la mise en oeuvre d'un processus de décomposition de son être: du quant à soi où se cantonne le sujet seul sans autre désir que lui-même, l'être du sujet désirant s'ouvre à l'autre dans la vie à deux, puis, altère son être, selon le degré d'approfondissement de cette activité érotique, en vie l'un pour l'autre, fusion des être ou passion destructrice. "L'érotisme des corps est la violation de l'être des partenaires." (cf. p. 21 à 25 du tome X des OC, G. Bataille, éd° Gallimard); autrement dit, l'activité érotique consiste en une destruction relative de son être dans l'instant qui nous expose à l'autre. Bataille, dans son analyse de la nudité (pages citées plus haut) comme de l'étreinte (cf. Histoire de l'érotisme, p. 97 à 100 du tome VIII des OC, éd° Gallimard), met en évidence l'obscénité de l'activité érotique en tant qu'elle nous met à nu pour mieux confondre l'autre, qu'elle fait fusionner les êtres pour mieux les laisser las d'eux-mêmes. Aussi, l'étreinte érotique est une transgression en tant qu'elle est cette violence entre amants consistant à se mettre cul par dessus tête.
Or, autant l'érotisme des corps a quelque chose de pesant, autant l'érotisme du coeur paraît plus nonchalant. Il est pourtant tout autant "la substitution d'une continuité merveilleuse entre deux êtres à leur discontinuité persistante" , c'est-à-dire le trouble d'être attaché à l'autre sans la certitude d'y être joint pour l'éternité. Il est donc le sentiment d'une continuité sur fond d'une discontinuité. Il est le plaisir d'être à deux tant que chacun ne fait pas cavalier seul. Aussi "l'union des amant est l'effet des passions, elle appelle la mort, le désir de meurtre ou de suicide." Derrière l'écriture souvent perçue comme excessive mais ô combien juste dans son caractère transgressif, il faut comprendre que la conquête à deux d'une certaine continuité ne peut se faire que sur le mode individuel, c'est-à-dire discontinu, de l'appropriation de l'autre. Voulant éteindre en lui les douleurs de la passion, l'amant se fait criminel. Rien de plus odieux que les amours heureux, car, on ne peut s'assurer du désir de l'autre qu'en le menant à sa perte.
Ce faisant, l'érotisme n'est qu'une possibilité précaire dont la seule vérité est qu'il tient d'un odieux miracle.
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