Lectures philosophantes

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samedi 3 avril 2010

Synopsis du cours du 11/03/10 - La force d'âme (Spinoza, Ethique III, proposition 59 et scolie)

La force d'âme ou fermeté est la source de toutes les opérations dont un individu est la cause adéquate. Elle est en cela corrélative à la puissance de désirer propre à l'individu en tant que cette puissance de désirer définit son rapport particulier au réel. Aussi, la force d'âme désigne ce que peut notre désir, c'est-à-dire en quoi la façon dont on est affecté par telle ou telle chose nous rend capable d'agir plus autant que de pâtir. Dès lors, la force d'âme est variable selon le degrés de connaissance de soi: d'une expérience vague de ce que l'on est jusqu'à une juste connaissance de sa nature, se dessine toutes les variétés de notre puissance de désirer, c'est-à-dire de notre façons d'être affecté par telle ou telle chose.
Ce faisant, la force d'âme désigne l'ambiguïté de notre connaissance de ce qui nous est propre. Aussi y a-t-il des degrés de force d'âme allant de la fermeté confuse, comme entêtement sur ce que l'on croit être notre nature, à une fermeté plus précise, car relative à une connaissance plus juste de soi. Ainsi de la modestie qui est une juste compréhension de notre rôle et notre place dans le monde. Ainsi de la clémence qui est unejuste compréhension des manques de l'autre par rapport à nos propres incapacités.

La force d'âme n'est donc pas la faculté de trouver le juste milieu entre sa façon d'être et des inclinations contraires, mais une puissance sans limite comme capacité à s'adapter le plus adéquatement au réel. Suivant Spinoza, face à la violence des passions, il s'agit moins de tenir bon que de savoir se couler sans violence dans la fluctation de l'âme face aux affections. Aussi n'en finit-on jamais avec le désir en tant qu'il s'agit toujours et encore d'une puissance d'exister par soi le plus adéquatement possible. Avoir une certaine force d'âme, c'est donc être à sa mesure, c'est-à-dire aspirer à une certaine unité entre ce que l'on est et ce que l'on est susceptible de désirer. il n'y a pas d'autre mesure à notre désir que celle que l'on est capable d'y apporter.

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