Lectures philosophantes

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samedi 3 avril 2010

Synopsis du cours du 25/03/10 - Quid Corpus possit (Ce que peut un Corps) 1/2

D'Agoty, Ecorché de femme enceinte, 1773


L'expression de Spinoza "Ce que peut le Corps" (Qui corpus possit) a le malheur d'être une formule galvaudée. Sortie de son contexte (scolie, proposition 2, Ethique III), elle sert d'antienne à tous les contempteurs de l'esprit vite empressés de célébrer cette nouvelle lubie que serait le corps. Mais à y regarder de plus près, c'est-à-dire à replacer cette formule au coeur de la question de la relation du Corps et de l'Esprit qui occupe les propositions 1 à 3 de l'Ethique III, la perspective autant que le sens de la formule est autre.
Car la formule doit répondre d'une double difficulté: déterminer ce qu'est le Corps et déterminer ce qu'est la puissance du Corps. Or, autant notre ignorance sur ce qu'est le Corps fait de ce dernier un nouvel objet de connaissance, autant savoir qu'elle est la puissance du Corps engage chacun à mieux connaître ce que le Corps exprime de notre puissance de désirer. Autrement dit, la question de la puissance du Corps engage autant, si ce n'est plus, à une connaissance de soi-même qu'à une connaissance du Corps.

Ainsi, esquissant les déterminants d'une puissance propre du Corps, Spinoza accentue la nécessité de comprendre la structure et les fonctions du Corps autant que de savoir comment l'Esprit meut le Corps de multiples façons. Les capacités du Corps sont autant affaire de physiologie que d'entraînement. Aussi, la puissance du Corps doit immédiatement s'entendre comme la connaissance de la relation du Corps et de l'Esprit. Car ce que peut le Corps, c'est ce que peut cette seule et unique substance que sont le Corps et l'Esprit sur des modes différents.

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