Lectures philosophantes

Lectures philosophantes

vendredi 21 décembre 2007

Synopsis du cours du 20/12/07 - Diversion - révolte et colère

L'indignation, la révolte et la colère sont 3 notions apparentées au désir comme expérience de ce qui contrarie notre désir de justice ou notre sens moral. Ainsi, être indigné, c'est être affecté par la détresse d'un autre et s'évertuer à agir pour son bien. Il faut cependant distinguer entre l'emportement et la saine colère. L'engagement politique ou humanitaire est affaire de coeur, mais le coeur a ses accès de fièvre comme ses vertus affectives.

Ainsi du paradoxe de la révolte dans Les frères Karamazov de Dostoïevski. Pour Ivan Karamazov, l'amour du prochain est un miracle impossible car il n'est qu'un devoir moral envers un miséreux et non la révolte devant la misère. La seule trace de la révolte pour Ivan est celle devant le martyr des enfants qui condamne la légitimité de l'harmonie divine et renvoie le croyant à ses illusions.

Ainsi de la colère comme affect occidental selon P. Sloterdijk tant comme puissance élémentaire qui traverse toute notre culture que comme écume d'un ressentiment propre à faire et à défaire le tissu social. La colère est alors ce processus illusoire, vecteur d'idéologie, qui permet d'englober, de conserver et d'enfermer un groupe social dans la pratique défouloir du bouc-émissaire. Les groupes sociaux peuvent ainsi se lire comme la longue histoire des banques de colère qui capitalisent sur l'énergie mal maîtrisée des individus.

La colère est l'énergie avec laquelle on fabrique l'idéologie et la servitude tandis que la révolte est ce souffle de liberté qu'il faut savoir conserver sans s'en laisser dire.

mercredi 19 décembre 2007

Texte complémentaire pour le cours du 20/12/07


F. Dostoïevski, Les Frères Karamazov, Livre IV, Pro et contra, chp. IV - la révolte.

lundi 17 décembre 2007

Bibliographie - de l'ardeur érotique à la fureur pornographique.

Oeuvres:

C. Angot, L'inceste, éd° Livre de Poche, 2001.
C. Angot, L'usage de la vie, éd° Fayard, 2007.
C. Cusset, Jouir, éd° Gallimard, 1997.
A. Ernaux, Passion simple, éd° Gallimard, 1991.
C. Millet, La vie sexuelle de Catherine M., éd° Seuil, 2001.
A. Reyes, Le boucher, éd° Seuil, 1988.


Etudes:

X. Deleu, Le consensus pornographique, éd° Mango, 2002.
Di Folco (sous la direction de), Dictionnaire de la pornographie, éd° PUF, 2005.
D. Folscheid, Sexe mécanique, La crise contemporaine de la sexualité, éd° La table ronde, 2002.
J.J. Pauvert, De l'infini au zéro, Anthologie historique des lectures érotiques, 1985-2000, éd° Stock, 2001.

Oeuvres d'une ardeur toute autre que la fureur pornographique:


J. Aeply, Eros Zero, éd° La musardine, 1997.
P. Verguin, Presque un an, éd° La Musardine, 2000.
N. Ours, La ceinture, éd° La Musardine, 2003.

Synopsis du cours du 13/12/07 - Diversion - Erotisme et pornographie: de l'ardeur à la fureur.

Diversion - Opération de l'esprit consistant à détourner l'attention afin de permettre à la pensée de se défier de ses propres opinions et de varier son contenu. Moyen de cultiver son irrésolution, c'est-à-dire l'art de toujours et encore exercer son jugement.

Le qualificatif de "pornographique" sert aujourd'hui autant à désigner un genre de discours ou de représentation du désir qu'à provoquer l'indignation morale devant toute représentation du désir. Aussi y a-t-il confusion entre le "pornographiqe" ou représentation de choses obscènes et le "porno", mode de production d'images à caractère pornographique, confusion qui aveugle tant elle prétend que toute représentation du désir est par nature pornographique. Dès lors, on peut s'étonner de l'occultation ou de l'étouffement du désir sous la seule catégorie du porno: surexposition du corps comme matériau où se tisse le seul et unique récit sur le désir, réduction du désir à la seule sexualité, typologie des désirs ne dépendant plus que d'un jeu mécanique entre les parties du corps. Qu'est-ce qui se perd alors du désir dans le porno?
Ainsi de la distinction entre érotisme et pornographie: l'érotisme n'est-il que la pornographie des prudes et des esthétisants qui cachent ce que d'autres ont l'outrecuidance de montrer? L'érotisme est un terme élastique qui désigne autant le désir brut que l'excitation intelligente. Il caractérise le sujet désirant en tant qu'il fait du désir sa première préoccupation; la pornographie est un terme à l'étymologie occultée: désigant en premier lieu les représentations de prostituées, il ne sert plus qu'à qualifier toutes peintures de choses obscènes sans que soit éclaircis le critère de l'obscénité. La pornographie caractérise alors le statut de la représentation des objets du désir.

Cherchant à dépasser l'aura érotique de la littérature française, une certaine littérature contemporaine use des codes et des moyens du porno tant pour exhiber l'intime (Angot, Ernaux, Millet, Cusset...etc) que pour abuser de description crues (Reyes, Houellebecq...etc). L'écriture est d'autant plus obscène qu'elle n'est plus que la transpiration de soi dans le roman. La transparence du sujet désirant en fait un objet de foire par l'évidence de sa présence et la crudité des description anatomique frappées du dénuement propre à une écriture qui ne veut plus que décrire la chose. Dans les particules élémentaires de M. Houellebecq (texte 1 - scène de la rencontre entre Bruno et Christiane), l'expression même du désir n'est plus qu'une question de physiologie (les corpuscules de Krause) et le vécu d'un couple, le rapport entre un sexe en érection et une vulve. Rabattu sur la seule vie des organes, le désir n'est plus que du génital en devenir. Dès lors, le corps désirant se voit scindé en autant d'organes du désir, organes hiérarchisés selon leur utilité pornographique. (Texte 2-scène de l'accident au club échangiste) Le corps est alors réduit à n'être qu'un orifice ou un appendice où seule la souffrance rappelle au sujet désirant son unité.
Là où l'érotisme transmet une certaine ardeur dûe à l'incessant travail du désir dans le sujet désirant, la pornographie n'étant qu'un jeu de combinatoires entre des parties, elle est un érotisme vide de toute émotion. La pornographie est un sport mécanique.

Qu'est-ce alors q'un sujet désirant au yeux de la pornographie? (Texte 4 - rêve érotique de Michel) Le style pornographique se caractérise par la fixation de l'écriture sur le génital comme seule source du plaisir. Ainsi du corps lascif de ce fantasme dansant au milieu d'une rame de métro comme dans un bar de go-go danseuse. Seins, doigt, vulve, le corps désiré n'est qu'un ensemble disparate de parties où n'est relevé que le plus utile à la mécanique du plaisir. Dès lors, le sujet désirant est éclaté en autant de parties plus ou moins désirables selon le hasard mécanique des rencontres. Même le statut du rêve érotique de Michel en devient une grotesque réaction de famine de son corps. Happé par cette même fatalité mécanique , (texte 5-viol dans le RER) la violence n'est que le résultat d'une simple mécanique possible; il n'y a pas moins trangression par l'usage de la violence et l'incongruité du lieu qu'une fureur contraignant un sujet désirant à n'être qu'un corps réduit à ses orifices.
Là où l'ardeur de l'érotisme est le fait du travail du désir dans le sujet désirant, la pornographie ne témoigne d'une certaine intensité qu'au titre d'une fureur mécanique des parties du corps. Il n'y a pas de sujet du désir, seulement un rapport mécanique entre des parties du corops qu'anime une fureur à composer et à se décomposer. La pornographie est un sport de combat.

Textes - Pour le cours du 20/12/07 - De l'indignation à la colère



Le nouvel opus de Peter Sloterdijk fera l'objet d'un commentaire.

lundi 10 décembre 2007

Textes pour le 13/12/07 - Erotisme ou pornographie ?


Attention, textes employant des termes crus pouvant choquer la sensibilité des moins avertis et le goût des plus délicats!



Michel Houellebecq ou l'ardeur à la moyenne
Les particules élémentaires, éd° Flammarion, 1998
Plateforme, éd° Flammarion, 2001




5 extraits de l'oeuvre de Michel Houellebecq qui feront l'objet d'un commentaire:


" " - C'était vraiment bien, dans le jacuzzi, tout à l'heure...dit Bruno. Nous n'avons pas dit un mot; au moment où j'ai senti ta bouche, je n'avais pas encore distingué les traits de ton visage. Il n'y avait aucun élément de séduction, c'était quelque chose de très pur.
- Tout repose sur les corpuscules de Krause..." Christiane sourit. "Il faut m'excuser, je suis professeur de sciences naturelles." Elle but une gorgée de Bushmills... "La hampe du clitoris, la couronne et le sillon du gland sont tapissés de corpuscules de Krause, très riches en terminaisons nerveuses. Lorsqu'on les caresse, on déclenche dans le cerveau une puissante libération d'endorphines. Tous les hommes, toutes les femmes ont leur clitoris et leur gland tapissés de corpuscules de Krause - en nombre à peu près identique, jusque-là c'est très égalitaire; mais il y a autre chose, tu le sais bien. J'étais très amoureuse de mon mari. Je caressais, je léchais son sexe avec vénération; j'aimais le sentir en moi. J'étais fière de provoquer ses érections, j'avais une photo de son sexe dressé, que je conservais tout le temps dans mon portefeuille; pour moi, c'était comme une image pieuse, lui donner du plaisir était ma plus grande joie. Finalement, il m'a quittée pour une plus jeune. J'ai bien vu tout à l'heure que tu n'étais pas vraiment attiré par ma chatte; c'est déjà un peu la chatte d'une vieille femme. L'augmentation du pontage des collagènes chez le sujet âgé, la fragmentation de l'élastine au cours des mitoses font progressivement perdre aux tissus leur fermeté et leur souplesse. A vingt ans, j'avais une très belle vulve; aujourd'hui, je me rens bien compte que les lèvres et les nymphes sont un peu pendantes."
Bruno termina son verre; il ne trouvait absolument rien à lui répondre. Peu après, ils s'allongèrent. Il passa un bras autour de la taille de Christiane; ils s'endormirent." Les particules élémentaires, p. 177-178


" L'accident eu lieu une nuit de février, alors qu'il étaient chez Chris et Manu. Allongé sur un matelas dans la pièce centrale, la tête calée par des coussins, Bruno se faisait sucer par Christiane; il lui tenait la main. Elle était agenouillée au-dessus de lui, les jambes bien écartées, la croupe offerte aux hommes qui passaient derrière elle, enfilaient un préservatif, la prenaient à tour de rôle. Cinq hommes s'étaient déjà succédé sans qu'elle leur jette un regard; les yeux mi-clos, comme dans un rêve, elle promenait sa langue sur le sexe de Bruno, centimètre après centimètre. Tout à coup elle poussa un cri bref, unique. Le type derrière elle, un grand costaud aux cheveux frisés, continuait à la pénétrer consciencieusement, à grand coups de reins; son regard était vide et peu attentif. "Arrêtez! Arrétez!" lança Bruno; il avait eu l'impression de crier mais sa voix ne portait pas, il n'avait émis qu'un glapissement faible. Il se leva et repoussa brutalement le type qui resta interdit, le sexe dressé, les bras ballants. Christiane avait basculé sur le côté, le visage était tordu par la souffrance. "Tu ne peux pas bouger?" demanda-t-il. Elle fit "Non" de la tête; il se précipité vers le bar, demanda le téléphone. L'équipe du SAMU arriva dix minutes plus tard. Tous les participants s'étaient rhabillés; dans un silence total, ils regardèrent les infirmiers qui soulevaient Christiane, qui la déposaient sur une civière. (...)
Dans la journée de dimanche on effectua un prélèvement de moelle osseuse; Bruno revint [ à l'hôpital] vers six heures. Il faisait déjà nuit, une pluie fine et froide tombaient sur la Seine. Christiane était assise dans son lit, le dos soutenu par un tas d'oreillers. Elle sourit en le voyant. Le diagnostic était simple: la nécrose de ses vertèbres coccygiennes avait atteint un point irrémédiable. Elle s'y attendait depuis plusieurs mois, cela pouvait arriver d'un moment à l'autre; les médicaments avaient permis de freiner l'évolution, sans toutefois la stopper. Maintenant la situation n'évoluerait plus, il n'y avait aucune complication à craindre: mais elle resterait définitivement paralysée des jambes." Les particules élémentaires, p. 306-307

" Il était aux cotés d'une petite fille qui chevauchait dans la forêt, entourée de papillons et de fleurs (au réveil il se rendit compte que cette image ressurgie à trente ans de distance, était celle du générique du "Prince Saphir", un feuilleton qu'il regardait les dimanches après-midi dans la maison de sa grand-mère, et qui trouvait, si exactement le point d'ouverture de son coeur). L'instant d'après, il marchait seul, au milieu d'une prairie immense et vallonnée, à l'herbe profonde. Il ne distinguait pas l'horizon, les collines herbeuses semblaient se répéter à l'infini, sous un ciel lumineux, d'un beau gris clair. Cependant il avançait, sans hésitation et sans hâle; il savait qu'à quelques mètres sous ses pieds coulait une rivière souterraine, et que ses pas le conduiraient inévitablement, d'instinct, le long de la rivière. Autour de lui, le vent faisait onduler les herbes." Les particules élémentaires, p. 280

" Je rêvai d'une beurette qui dansait dans le métro. Elle n'avait pas les traits d'Aïcha, du moins je ne crois pas. Elle se tenait au pilier central, comme les filles dans les go-go bars. Ses seins étaient recouverts d'un bandeau de coton minuscule, qu'elle relevait progressivement. Avec un sourire, elle les libéra tout à fait; ils étaient gonflés, ronds et bruns, magnifiques. Elle lécha ensuite ses doigts et se caressa les mamelons. Puis elle posa une main sur mon pantalon, fit coulisser la braguette et sortit mon sexe, qu'elle commença à branler. Les gens passaient autour de nous, descendaient à leurs stations. Elle se mit à quatre pattes sur le sol, releva sa minijupe; elle ne portait rien en dessous. Sa vulve était accueillante, entourée de poils très noirs, comme un cadeau; je commençai à la pénétrer. La rame était à demi-pleine, mais personne ne faisait attention à nous. Tout cela ne pouvait en aucun cas se produire. C'était un rêve de famine, le rêve ridicule d'un homme déjà âgé." Plateforme, p. 90-91

"En sortant du travail à 22 heures 15, [Marlyse] avait décidé d'attraper le train de 22 heures 21, en pensant que ça irait plus vite que d'attendre un taxi. Le wagon était aux trois quarts vide. Les quatres types s'étaient approchés d'elle, ils avaient tout de suite commencé à l'insulter. D'après ce qu'elle pouvait en savoir, ils étaient de type antillais. Elle avait tenté de discuter, de plaisanter avec eux; en échange, elle avait récolté une paire de gifles qui l'avait à moitié assomée. Puis ils s'étaient jetés sur elle, deux d'entre eux l'avaient plaquée au sol. Ils l'avaient pénétrée violemment, sans ménagements, par tous les orifices. chaque fois qu'elle tentait d'émettre un son elle recevait un coup de poing ou une nouvelle paire de gifles. Cela a duré longtemps, le train s'était arrêté plusieurs fois; les voyageurs descendaient, changeaient prudemment de compartiment. En se relayant pour la violer les types continuaient à plaisanter et à l'insulter, il la traitait de salope et de vide-couilles. A la fin, il n'y avait plus personne dans le compartiment. Ils finirent par lui cracher et lui pisser dessus, réunis en cercle autour d'elle, puis la poussèrent à coups de pied, la dissimulant à moitié sous une banquette, avant de descendre tranquillement gare de Lyon. Les premiers voyageurs montèrent deux minutes plus tard et prévinrent la police, qui arriva presque tout de suite. Le commisaire n'était pas réellement surpris; d'après lui elle avait eu, relativement, de la chance. Il arrivait assez souvent, après avoir utilisé la fille, que les types la terminent en lui enfonçant une barre cloutée dans le vagin ou l'anus. C'était une ligne classée comme dangereuse." Plateforme, p. 206-207

Bibliographie - l'ardeur

Oeuvres:
Homère, Odyssée, trad° Berard, Classiques en poche, Belles Lettres, 2005
Homère, Iliade, trad° Mazon, Classiques en poche, Belles Lettres, 2005
Hésiode, Théogonies, trad° Bonnafé, Rivages Poche, 1993
Eschyle, les Oresties, trad° Mazon, CUF, 1983
Sophocle, Oedipe-Roi, trad° Masqueray, CUF, 1922
Platon, République, trad° Leroux , GF, 2002
Platon, Timée, trad° Brisson, GF, 1992

Etudes:
J. De Romilly, "Patience mon coeur", l'essor de la psychologie dans la littérature grecque classique, éd° Belles LEttres, 1984
J. Frère, Ardeur et colère, le thumos platonicien, éd°Kimé, 2004
C. Joubaud, Le corps humain dans la philosophie platonicienne, étude à partir du Timée, éd° Vrin, 1991
A.M. Moreau, Eschyle: la violence et le chaos, éd° Belles LEttres, 1985
M. Pailler, La colère selon Platon, éd° L'Harmattan, 2007
R. Schaerer, L'homme antique et la structure du monde intérieur d'Homère à Socrate, éd° Payot, 1958

mercredi 5 décembre 2007

samedi 1 décembre 2007

Synopsis du cours du 29/11/07 - Ma tête, mon coeur ... image du corps désirant


L'équilibre entre les 3 principes de l'âme dans la République aboutit dans l'oeuvre de Platon à la physiologie du corps désirant du Timée.
Le corps est ainsi le véhicule d'une âme immortelle, qui participe du principe divin, et d'une âme mortelle dont la partie supérieure est l'ardeur et la partie inférieure, les désirs. La fonction directrice de l'âme immortelle est d'établir une certaine mesure entre les organes du corps. Le thumos (ardeur) joue le rôle pivot de principe dynamique qui doit à la fois "transmettre les ordres de la raison" et "contenir la meute des désirs". Il doit réguler la relation entre désirs et raison.
En ce sens, la mesure est à la fois la circulation d'une quantité d'énergie et la régulation de cette quantité au titre d'une proportion. Pour cela, le thumos est secondé par le coeur (réseaux et chaleur), filtre chargé de modérer la chaleur produit par l'emportement des désirs, et les poumons (malléabilité et absorption) qui encaissent le trop plein d'émotions.
Quant aux désirs, l'estomac est une mangeoire destinée à isoler et circonscrire leurs goinfreries tandis que le foie, par un juste dosage de douceur ou d'amertume se charge de rappeller le ventre à la raison.

L'image du corps désirant organisé autour d'une âme double est la traduction physiologique de la notion d'équilibre. Laissant le désir d'objets à sa relativité obscure, Platon affirme ici que le désir est la manière dont un sujet désirant devient, par le jeu des énergies contradictoires, maître de soi-même.

Désirer, c'est ou "l'emporter sur soi-même ou être vaincu sur soi-même." (Lois I, 644d-645c)

lundi 26 novembre 2007

Outils - l'ardeur, Platon



Au-delà de sa simple valeur patrimoniale, un concept vaut en tant qu'outil.

Plus que connaître l'histoire de tel ou tel concept, il convient d'apprendre à se servir d'un concept comme instrument de sa propre pensée

Les ardeurs du désir. - Qu'est-ce que désirer?
Le désir peut n'être qu'une série de désirs épisodiques difficiles à vaincre, désir se perdant dans la multiplicité des objets possibles. Désirer telle chose est alors un désir qui ne prend sens que relativement à cette chose. Loin d'une compréhension de la nature de son désir, désirer n'est alors plus que la consommation de ce qui se présente comme désirable: je désire tel objet, puis tel autre... l'intensité du désir n'étant que relativement au renouvellement des objets de mon désir.
Aussi faut-il apprendre non pas à désirer toujours à nouveau un nouvel objet du désir, mais à désirer encore et toujours indépendamment de l'objet lui-même. C'est là s'activer à toujours désirer avec un certain sens de la mesure plus qu'à vouloir sans cesse toujours autre chose.

Mais désirer peut aussi être cette furieuse passion qui se traduit par une attirance excessive pour une chose (argent, plaisir du corps...). Ici, le désir est un emportement débridé que la pensée s'efforce de retenir. Mais le sens de la mesure, c'est-à-dire la résistance à l'emportement est elle-même une forme de désir, celui de ne pas céder à la démesure, c'est-à-dire de ne pas se laisser subjuguer par les objets de son désir. Là où la fureur du désir emporte le sujet désirant au-delà de lui-même, la résistance aux désirs le travaille de l'intérieur en le rendant maître de son désir.
Ainsi d'un régime comme tentative de maîtriser son désir de nourriture: ce régime est sans secours tant que l'on se laisse emporter par ses désirs qui ne prennent de la vigueur que grâce à la multiplicité des aliments à sa disposition. On ne cesse alors de céder à la subjugation des objets du désir. Un régime ne fait sens pour soi-même que lorsque l'on devient maître de sa faim: résistant à la tentation, on forge en soi-même une ardeur tout aussi intense qui comble son envie de nourriture. En quoi il y a autant de joie à se sentir maître de soi qu'à succomber à ses désirs.

samedi 24 novembre 2007

Synopsis du cours du 22/11/07 - Ma tête, mon coeur...3/5 - les ardeurs de l'âme

Où il apparaît que la question de la tripartition de l'âme chez Platon est moins l'objet d'un exercice comptable (un, deux ou trois principes?) qu'un problème de mécanique: comment rendre compte de l'ardeur de l'âme sans ne voir de l'intensité que dans les plaisirs du corps?
Ainsi de Léontios (République, 439e-441c) remontant du Pirée vers Athènes qui, aperçevant des cadavres qui gisaient au lieu des exécutions publiques, fut pris à la fois du désir de regarder et en même temps était rempli d'aversion. Résistant un certain temps et se voilant le visage, il fut finalement subjugué par son désir. Il ouvra alors grand les yeux et, courant vers les suppliciés, dit "Voilà pour vous, génie du mal, rassasiez-vous de ce beau spectacle!"
Le thumos est ici un principe médian à la fois force de résistance à la tentation du voyeurisme, emportemen obscène du désir et colère de la raison devant la subjugation des désirs.
Mais affirmer que la dynamique du désir est l'objet de 3 principes concurrents, c'est courir le risque de la contradiction (le manichéisme de la raison et des passions a pour lui l'apparence de la simplicité). Le sujet désirant est ainsi selon Platon semblable à une toupie (République 436d-e), immobile sur son axe mais animée d'un mouvement de rotation où l'équilibre est le seul garant de l'unité dans la multiplicité.
Qui désire est à la fois poussé hors de lui vers l'objet désiré mais aspire en même temps à se rendre maître de la force et de l'orientation de son désir. Aussi le désir est-il le moteur qui anime le sujet désirant tout en lui faisant courir le risque de l'emporter plus loin qu'il ne le souhaite.
Aussi, chaque désir peut être de l'ordre de l'agir (approbation - ex. désirer boire) ou du pâtir (désapprobation - ex. ne pas désirer boire), mouvement d'adhésion ou de rejet. Il convient ainsi de distinguer entre une définition absolue du désir (soif de boire en général) et un désir relatif (soif de boire telle boisson plutôt qu'une autre): un sujet ne devient maître de son désir non pas parce qu'il désire tel ou tel objet mais parce qu'il se rend maître de comment il désire. Car désirer n'est pas tant être attiré vers... mais s'activer à..., c'est-à-dire n'est pas savoir ce que l'on désire, mais comment désirer.
Dès lors, le désir travaille le sujet désirant: il le pousse autant qu'il le contraint, le bouscule autant qu'il le tend, l'anime autant qu'il l'agite, l'excite autant qu'il le raisonne. Mais ce constant jeu entre raison, ardeur et désirs est cette intensité même qui traduit toute la vivacité du désir et fait la joie autant que les tracas du sujet désirant.

mercredi 21 novembre 2007

Texte complémentaire pour le cours du 29/11/07 - PLATON, Timée, 69b-72b






L'amour victorieux, Le Caravage (1602)

L'ardeur est semblable à ce chérubin, angelot des élans amoureux qui promettent autant qu'ils emportent et dont les fougues lient les êtres entre eux tout en livrant le monde aux désordres de la ferveur.
Figure juvénile pleine d'innocence autant que corps érotisé d'un jeune éphèbe aux ailes effrayantes d'oiseau de proie, Eros est cet aiguillon du désir qui en fait tout le piquant: l'ardeur du désir est-il ce qui entretient le désir ou ce qui le consumme?

Ardeur
: n.f.; empr. au lat. ardor, ardere "brûler"
I/ Chaleur vive. L'ardeur des flammes, du soleil. Sensation de chaleur, de brûlure. Les ardeurs de la soif. Le mal des ardents.
II/1/ Energie pleine de vivacité. Force, vie, vigueur, vitalité. Par métaph. Désir ardent, feu, flamme. Passion amoureuse.
2/ Mouvement passionné. Ferveur, élan, fougue, véhémence.
3/ Energie active d'une personne. Désirer ardemment, Attiser, aviver, exalter; calmer, éteindre, modérer l'ardeur de qqn. Ardeur au travail, à l'étude.

mardi 20 novembre 2007

Synopsis du cours du 12/11/07 -Ma tête, mon coeur... 2/5 - une histoire de thumos

Où l'ardeur (thumos), cette âme-sang qui anime les coeurs et les corps, est d'emblée une question de mesure:
- ardeur au combat d'un Achille (Homère, Illiade) faisant la singularité et la fougue guerrière de ce héros comme l'impétuosité démesurée qui l'emporte dans la barbarie la plus honteuse et dévoile sa faiblesse.
- ardeur érotique d'Eros, vecteur des unions les plus ferventes entre les âmes comme entre les corps (Hésiode, Théogonie), vitalité qui soude autant qu'elle emprisonne.
- ardeur émotive de Clytemnestre (Eschyle, les Oresties) liant la mort et la vie dans son geste meurtrier "gisant, il crache son âme (thumos) et le sang qu'il rejette avec violence sous le fer qui l'a percée m'inonde de ses noires gouttes aussi douces pour moi que la bonne rosée de Zeus pour les germes." (vers 1388-1392)
- ardeur intellectuelle d'Oedipe (Sophocle, Oedipe-Roi) qui marque sa volonté de justice autant que de vérité et sa fougue mortifère à se découvrir incestueux et parricide.

L'ardeur est le véhicule des intensités émotives comme le lieu d'un intense combat entre mesure et démesure.

lundi 19 novembre 2007

Synopsis du cours du 8/11/07 (suite et fin) I/ Eclats: 1/ l'expérience du désir a/ Ma tête, mon coeur...1/5

Où l'expérience la plus ordinaire du désir est celle d'un certain état de l'âme emprunt de plaisir et de douleur. Le désir comme affectivité, c'est-à-dire comme le fait d'être touché. Désirer, c'est s'éclater, c'est-à-dire autant faire l'expérience de la jouissance que celle d'une division entre douleur du manque et plaisir de la poursuite.

I/1/a/ Ma tête, mon coeur...
Où par un heureux hasard, l'antique problème de la tripartition de l'âme trouve écho dans le slam de Grands Corps Malade, Ma tête, mon coeur..., extrait de l'album Midi 20
(A écouter gratuitement et légalement sur Deezer)

Le corps humain est un royaume où chaque organe veut être le roi

Il y a chez l'homme 3 leaders qui essaient d'imposer leur loi
Cette lutte interne permanente est la plus grosse source d'embrouilles
Elle oppose depuis toujours la tête, le coeur et les couilles
Que les demoiselles nous excusent si on fait des trucs chelous
Si un jour on est des agneaux et que le lendemain on est des loups
C'est à cause de ce combat qu'i s'agite dans notre corps
La tête, le coeur, les couilles discutent mais ils sont jamais d'accord
Mon coeur est une vraie éponge, toujours prêt à s'ouvrir
Mais ma tête est un soldat qui se laisse rarement attendrir
Mes couilles sont motivées, elles aimeraient bien pécho cette brune
Mais y en a une qui veut pas, putain ma tête me casse les burnes
Ma tête a dit à mon coeur qu'elle s'en battait les couilles
Si mes couilles avaient mal au coeur et que ça créait des embrouilles
Mais mes couilles ont entendu et disent à ma tête qu'elle n'a pas de coeur
Et comme mon coeur n'a pas de couilles, ma tête n'est pas prête d'avoir peur
Moi mes couilles sont tête en l'air et ont un coeur d'artichaut
Et quand mon coeur perd la tête, mes couilles restent bien au chaud
Et si ma tête part en couille, pour mon coeurc'est la défaite
Je connais cette histoire par coeur, elle n'a ni queue ni tête
Moi les femmes je les crains autant que je suis fou d'elles
Vous comprenez maintenant pourquoi chez moi c'est un sacré bordel
J'ai pas trouvé la solution, ça fait un moment que je fouille
Je resterai sous le contrôle de ma tête, mon coeur et mes couilles.

mercredi 14 novembre 2007

Synopsis du cours du 8/11/07 - Introduction 5/5: les économies libidinales

Où il apparaît que le désir peut être affaire de pouvoir: pouvoir du désir et désir du pouvoir.
Où la violence des désirs oblige la prudence politique à soumettre la tyrannie des désirs ou à ruser avec l'égoïsme des individus (Bacon, Mandeville...etc)
Où il apparaît que le désir, élan asocial tant il ne se soucie que de soi-même, est en même temps ce qui agrège les individus entre eux: la vie est une course désir après désir où la victoire n'est délectable que si elle est à la fois expression de sa propre puissance et spectacle de la soumission de l'autre (Hobbes et Girard).
Où le désir est l'objet d'une politique: représsion plus sauvage que civilisée (Freud) ou aliénation plus rentable que morale (Marx)
Où la libération sexuelle apparaît comme un attrape-nigaud: on contrôle d'autant mieux les sujets désirants que l'on somme leurs désirs de se contenter du sexe (Foucault). Entre libertaires libidineux et libéraux ascétiques, le désir est pris au piège de sa propre libération.
Où il apparaît que le désir peut aussi prendre les habits du révolutionnaire: désirer n'est pas consommer du fantasme mais se produire soi-même.

Attraper le désir par la queue, n'est-ce pas alors se saisir du moteur du désir lui-même au risque de ne faire que tourner en rond?

mercredi 7 novembre 2007

Synopsis du cours du 25/10/07 -Introduction 4/5: sidération du désir: la force

Où il apparaît que la pensée manque le désir ou plutôt que le désir manque d'une certaine subtilité à n'être que la réponse à un manque.
Où il semble que l'amour est un mauvais exemple pour illustrer le désir: l'amour n'est pas un avatar du désir, il est le désir lui-même en tant qu'il prend forme. Ainsi de quelques unes de ses formes les plus singulières: la fides chrétienne et le fin'amor (ou die Minne) des troubadours ou encore l'eros et l'agapé des théologiens.

Où il apparaît que le désir se confond avec le plaisir. D'où la nécessité de distinguer entre le désir comme tendance finalisée par le plaisir d'objets plus ou moins honorables et le simple désir d'être ou joie que l'on éprouve à désirer: ainsi de la voluptas, vif plaisir sans cesse désiré qui permet d'échapper à l'emprise de la passion; ainsi de la delectatio morosa, ravissement érotique exempt de toute tentation de sa corruption dans la chair; ainsi du sublime comme force qui pousse à un plaisir intense ou de la perversité comme forme confuse d'un plaisir non désiré.

Où il semble que la jouissance est le droit de jouir de soi-même: le désir s'exprime alors dans un puissance d'exister propre à l'homme, une jouissance qui est moins la morne réalisation du désir que la trace de l'excès qu'il engendre. Où il apparaît que le sujet désirant se construit lui-même en agençant les objets de son désir.

Où cet exercice de la pensée qui prend le nom de philosophie est le trait commun qui unis les différents formes du désir: introduisant dans le désir le trouble de penser et la peine de vivre, l'érotique de la pensée ajoute une musique savante à la répétition des désirs, musique qui peut autant être la morne redite des mêmes plaisirs que la ritournelle continuellemen changeante d'une mélodie intime.

mardi 23 octobre 2007

Cartographie du désir 3/5

Où comment le désir comme manque se disperse entre le ça et le corps (cf. intro° 3/5)

A noter que ces cartes dessinent le paysage qui s'offre à celui qui s'apprête à parcourir la notion de désir. Elles peuvent dès lors faire office de plan où seul le hasard des rencontres et le bon plaisir des situations est le moteur du parcours de la pensée.

Synopsis du cours du 18/10/07 3/5 la sidération du désir: le manque

Où il apparaît que le désir, comme conscience d'une tendance qui porte à vouloir un objet réel ou imaginaire, se traduit d'abord comme un manque.
Où le désir est autant ce que l'on n'a pas que ce que l'on n'est pas: ainsi de l'inquiétude comme aiguillon du désir, de la possession comme son anéantissement et de l'obscénité comme son intensification vertigineuse.
Où le désir comme manque pousse à vouloir tel ou tel objet du désir: ainsi du choix en amour au risque de la répétition d'un cliché qui échappe à notre conscience ou de l'illusion qu'abrite un certain instinct sexuel qui a pris corps.

Mais à ne faire du désir qu'un manque, vouloir l'attraper par la queue, n'est-ce pas le saisir par là même où il promet le moins et désespère le plus quand bien même il apporte son lot de satisfaction?

vendredi 19 octobre 2007

Cartographie du désir 1-2/5

Cartographie du désir comme unité et multiplicité (cf. intro° 1/5) et des états de l'âme (cf intro° 2/5).


A noter que ces cartes dessinent le paysage qui s'offre à celui qui s'apprête à parcourir la notion de désir. Elles peuvent dès lors faire office de plan où seul le hasard des rencontres et le bon plaisir des situations est le moteur du parcours de la pensée.

Synopsis du cours du 18/10/07 - Introduction 2/5 (...) les états de l'âme

Où il apparaît que la multiplicité des désirs est une variation polyphonique qui, selon la quantité comme selon la qualité des désirs, peut tendre vers une certaine cacophonie ou vers une certaine harmonie.
Où il apparaît que le conflit des désirs provoque un malaise chez le sujet désirant au titre d'une distorsion entre désir et réalité, désir et temporalité, soit une fêlure entre l'âme et le corps. Où ce malaise peut prendre les noms d'angoisse, d'Unheimliche, de Sorge, de mauvaise foi, d'acedia, de desenguano, de saudade, de Sehnsucht, de spleen...etc
Où l'expérience du désir se manifeste d'abord sous la forme d'une inquiétude, celle de l'ennui quand on ne manque de rien, celle de l'espoir qu'une certaine insatisfaction pousse toujours à désirer.

Pied de nez



Pièce écrite par P. Picasso entre le14 et le 17 janvier 1941

Lecture chez Michel Leiris en 1944 avec Pablo Picasso, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Raymond Queneau, Albert Camus, Michel et Louise Leiris, Pierre Reverdy...etc

Création de la pièce lors du IVe Festival de Libre Expression de Saint-Tropez, juillet 1967, dans l'arrière-cour du Papagayo.

mercredi 17 octobre 2007

De l'amour


Essai de schématisation de l'amour. Où il apparaît que l'amour est une forme du désir à la fois une et multiple.


dimanche 14 octobre 2007

Synopsis du cours du 11/10/07 - introduction 1/5: les éclats du désir: polymorphisme et polyphonie (...)

Où il apparaît que sous l'unité d'un mot se cache une multiplicité de formes et de situations ainsi qu'une variété de genres et d'intensités.
Où le désir, "comme bête multiforme et polycéphale" (Platon, République 588c) oblige la pensée à façonner la forme monstrueuse d'un concept polymorphe.
Où l'exemple de l'amour montre l'éclatement du désir: le mot "désir" s'empare de la chose elle-même et le désir vole en éclats.

Qui attrape le désir par la queue ne le saisit que par un bout au risque que le désir, soudain, le saisisse par ailleurs.

jeudi 11 octobre 2007

Questionnaire sur le désir

Le but de ce questionnaire est à la fois de fournir la matière première du cours sur le désir tout en testant l'approche que chacun peut avoir de cette notion.
Merci donc aux auditeurs qui voudront bien prendre le temps de répondre à ce questionnaire.


  1. Peut-on réaliser tous ses désirs?
  2. Qu'est-ce que le manque?
  3. Peut-on ne rien désirer?
  4. Comment fait-on pour prendre ses désirs pour des réalités?
  5. Quels sont les désirs les plus forts?
  6. L'appétit ne peut-il venir qu'en mangeant?
  7. Le plaisir est-il la finalité du désir?
  8. Qu'est-ce qui est le plus susceptible de combler nos désirs?
  9. Y a-t-il des désirs condamnables?
  10. La jouissance est-elle un droit?
  11. N'y a-t-il d'autre amour que passionnel?
  12. Les désirs ne sont-ils qu'une question de goût?
  13. Est-on libre de ses désirs?
  14. L'inconscient peut-il travestir nos désirs?
  15. Faut-il assouvir ses désirs pour être heureux?

mercredi 22 août 2007

Aperçu

R. Mapplethorpe, Cock, 1965

Université Populaire Européenne, année 2007/2008
Jeudi, 19h - Palais U

« Le désir attrapé par la queue. »



« La musique savante manque à notre désir»

A. Rimbaud, Illuminations, « Conte »


Qu'est-ce que le désir? Curieuse question qui oblige à mettre en suspens son désir. J'aime ce livre; ce vin, cette ville, ce visage... sans avoir à m'interroger sur mon désir: l'amoureux aime à l'aveugle. Ce faisant, s'interroger sur la nature du désir, c'est autant nous rendre soupçonneux envers nos désirs que nous pousser à désirer librement et intensément. J'aime cette femme: si je me demande pourquoi, je tue l'amour; mais sans cette question, comment l'aimer encore, toujours et toujours plus ?

C'est suivant une certaine érotique de la pensée que le cours procédera autant par concepts et histoires que par petites touches en traitant de sujets tels que le besoin, la gourmandise, l'appétit, la saveur, l'interdit, la séduction, l'ennui, l'obscène, la caresse, la jalousie...etc