Lectures philosophantes

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vendredi 6 juin 2008

Synopsis du cours du 15/05/08 - I/ 2/ Eros mélancolique 1/3

La figure d'un Eros mélancolique doit pouvoir rendre compte de l'expérience nécessairement ambiguëe du désir: le désir est la manie d'une âme qui a un corps.
Une telle figure est celle de l'érotique démonique des Anciens (cf. Platon, Banquet), celle de l'érotique des troubadours (cf. Tristan et Iseult) ou celle encore de la mélancolie amoureuse (R. Burton et son Anatomie de la mélancolie (1621) J. Ferrand et son Traité sur la maladie d'amour (1623). )

Esquisser la figure d'un Eros mélancolique, c'est se demander ce qui, dans l'expérience du désir, est autant source de trouble et de contrariété. L'expérience du désir est malaise, c'est-à-dire un certain état de l'âme pris dans les rets de son propre flux. Le malaise est donc ici autant la dynamique même du désir que l'effet de cette dynamique. Le désir, parce qu'il est déplacement, écart, décalage, est l'expérience de l'incommodité d'un devenir. Désirer, c'est ne jamais être à son aise car on recherche un ailleurs.
L'eros mélancolique est ainsi l'expérience nécessairement ambiguë du désir en tant qu'il est recherche de la fusion avec l'objet désiré et épreuve de la nécessaire fission entre sujet désirant et objet désiré. Le désir est l'expérience oxymorique de l'unité d'une multiplicité, à la fois recherche d'une union et nécessité d'une constante séparation. Aussi, désirer quelqu'un, est-ce s'attrister de ne jamais posséder l'autre pour pouvoirt jouir ensemble de cette dépossession.

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