Si l'expérience du désir est nécessairement malaisée tant le désir est mouvement, devenir ou flux, c'est moins parce que le désir est malheureux que parce que faire l'expérience du désir est elle-même l' épreuve de son propre désir: désirer, c'est moins poursuivre son plaisir que faire l'essai de son propre désir. Ce faisant, le caractère malaisé de l'expérience du désir ne se perçoit, du moins courament, qu'a posteriori. Quelque chose dans le désir se solde dans le plaisir et révèle par là-même la véritable nature du désir. Faire l'épreuve de son propre désir, c'est s'éprouver comme un animal triste post coïtum.
Aussi, désirer s'éprouve d'abord sur le mode de l'unicité. Si le désir est un mouvement de tension vers un objet désiré, le sujet désirant entretient avec l'objet de son désir un lien particulier. L'unicité du désir est ici de l'ordre de la définition de ce qui nous est agréable ou désagréable. Mais ce travail de définition reste aveugle à son avenir. Ne voyant que le plaisir ou le déplaisir de proche en proche, il occulte le fait que le mouvement désirant n'est effectif que tant que l'objet n'est pas conquis. A trop consommer ses plaisirs, on consume son désir.
Ainsi du motif du pur amour dans l'érotique des troubadours. Loin d'être un amour purifié par absence de sexualité, il est un amour purifié de ses éléments étrangers par exaltation de la cordialité. L'amour pur réclame non pas d'aimer sans chair, mais avec un désir sincére et spontané: le corps ne doit être ému que dans la mesure où le coeur l'est aussi. Le pur amour est ainsi une communion des coeurs, des corps et des âmes.
Dès lors, désirer n'est pas simplement jouir de l'agréable; il est la poursuite d'une harmonie des mouvements contraires: entre ce qui me plaît et ce qui plaît à l'autre, il vaut mieux l'inconfort de nos désirs que ma seule jouissance.
Par ailleurs, désirer s'éprouve aussi sur le mode de l'unité. Si le désir est un mouvement de tension vers un objet désiré, le sujet désirant aspire avant tout à s'unir, voire à se confondre avec son objet. Ce faisant, la fusion avec l'objet désiré est un caprice embarassant: comme moteur du désir, il est souhaitable; comme but et fin, il est à proscrire. Aussi, la poursuite des plaisirs n'est pas toute l'expérience du désir; il n'en est que la surface. Désirer est autre chose que jouir, il est la durée du plaisir, c'est-à-dire autant l'instant de la jouissance que ses prémisses et sa continuation. L'expérience du désir est donc doublement malaisé: d'une part, parce que le plaisir est la petite mort du désir et d'autre part car la répétition des mêmes plaisirs est ennui.
Ainsi, le malaise est, dans le désir, principe et conséquence: conséquence car l'expérience ne peut que révéler cet étrange état du désir, principe car le désir est à lui-même le mouvement qui provoque cet état. Désirer, c'est faire l'expérience dun iatus entre un processus et son résultat, entre un sujet et un objet, entre un mouvement et ses arrêts. L'expérience du désir est celle de l'unité d'une multiplicité.
Aussi, désirer s'éprouve d'abord sur le mode de l'unicité. Si le désir est un mouvement de tension vers un objet désiré, le sujet désirant entretient avec l'objet de son désir un lien particulier. L'unicité du désir est ici de l'ordre de la définition de ce qui nous est agréable ou désagréable. Mais ce travail de définition reste aveugle à son avenir. Ne voyant que le plaisir ou le déplaisir de proche en proche, il occulte le fait que le mouvement désirant n'est effectif que tant que l'objet n'est pas conquis. A trop consommer ses plaisirs, on consume son désir.
Ainsi du motif du pur amour dans l'érotique des troubadours. Loin d'être un amour purifié par absence de sexualité, il est un amour purifié de ses éléments étrangers par exaltation de la cordialité. L'amour pur réclame non pas d'aimer sans chair, mais avec un désir sincére et spontané: le corps ne doit être ému que dans la mesure où le coeur l'est aussi. Le pur amour est ainsi une communion des coeurs, des corps et des âmes.
Dès lors, désirer n'est pas simplement jouir de l'agréable; il est la poursuite d'une harmonie des mouvements contraires: entre ce qui me plaît et ce qui plaît à l'autre, il vaut mieux l'inconfort de nos désirs que ma seule jouissance.
Par ailleurs, désirer s'éprouve aussi sur le mode de l'unité. Si le désir est un mouvement de tension vers un objet désiré, le sujet désirant aspire avant tout à s'unir, voire à se confondre avec son objet. Ce faisant, la fusion avec l'objet désiré est un caprice embarassant: comme moteur du désir, il est souhaitable; comme but et fin, il est à proscrire. Aussi, la poursuite des plaisirs n'est pas toute l'expérience du désir; il n'en est que la surface. Désirer est autre chose que jouir, il est la durée du plaisir, c'est-à-dire autant l'instant de la jouissance que ses prémisses et sa continuation. L'expérience du désir est donc doublement malaisé: d'une part, parce que le plaisir est la petite mort du désir et d'autre part car la répétition des mêmes plaisirs est ennui.
Ainsi, le malaise est, dans le désir, principe et conséquence: conséquence car l'expérience ne peut que révéler cet étrange état du désir, principe car le désir est à lui-même le mouvement qui provoque cet état. Désirer, c'est faire l'expérience dun iatus entre un processus et son résultat, entre un sujet et un objet, entre un mouvement et ses arrêts. L'expérience du désir est celle de l'unité d'une multiplicité.
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