Lectures philosophantes

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lundi 30 juin 2008

synopsis du cours du 26/06/08 - Conclusion: érotique et érotomanie.

"Je suis érotique sans doute, mais non point érotomane" Ahténée, Deipnosophistes, XIII, 599e

L'érotique est par définition relative à la pratique du désir. Elle est la façon dont un sujet désirant se rapporte à son propre désir. Là où l'érotisme ne désigne qu'un genre de représentation ou de discours se rapportant à l'amour physique, l'érotique est un certain rapport au désir.

Ce faisant, érotique et érotomanie se confondent en tant qu'elles sont toutes deux une relation à son propre désir, mais là où l'érotique est celle du sujet désirant à ce désir qui le porte, celle de l'érotomane est polarisée par l'objet désiré. L'érotomanie est ainsi l'emprise d'une représentation de ce que doit être le désir et non un travail du désir dans et par la pensée. L'érotomanie est, dans la mélancolie érotique, cet état pathologique du désir où le lien entre sujet et objet du désir est entièrement orienté et déterminé par l'objet lui-même. Il n'y a de manie en matière de désir que lorsque le sujet désirant s'efface devant l'objet désiré. Ainsi de la jalousie: elle est ce sentiment d'attachement à un être qui pervertit le désir lorsque celui-ci devient obsession de la possession. Cf. cph. 25 de la mélancolie érotique de J. Ferrand.
L'érotomanie est alors la corruption de l'érotique: là où l'érotique est la construction d'un affect par le sujet désirant lui-même, l'érotomaie est le fait, pour le sujet désirant, de subir cet affect. Aussi, l'érotique et l'érotomanie se distinguent autant qu'elles se confondent: désirer est la tentative du sujet désirant de se rapporter à son propre désir sans se laisser emporter par la seule représentation obsédante de l'objet désiré.

Dès lors, faire l'expérience du désir, c'est se faire désirant, c'est-à-dire articuler son désir à l'exercice de sa pensée. Devenir sujet désirant de son propre désir, c'est nier que le désir ne soit que le manque d'un objet, que le désir ne soit qu'une réalité naturelle et spontanée et enfin qu'il ne soit déterminé que par le plaisir que l'on éprouve (Les 3 contresens sur le désir par Deleuze. Cf. Dialogues, C. Parnet, G. Deleuze). Désirer, c'est se faire désirant, c'est-à-dire qu'il est l'exercice de la pensée qui découle d'une expérience, il est le trouble qui naît du fait de se vivre comme sujet désirant.

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